Un sociologue pour comprendre les Créatifs Culturels
Et il cherche des contacts et du financement… Voyez ici.
Doctorant en sociologie à l’université de Tours, je mène actuellement une recherche sans financement. Ce qui implique de devoir faire face à des conditions matérielles de vie précaires. Il faut savoir qu’en sciences sociales, seule une minorité de doctorants ont la possibilité d’obtenir un contrat de recherche. En parallèle de ma recherche, j’assure également quelques enseignements au sein de mon université mais cela me permet seulement d’assurer mes dépenses quotidiennes. Très motivé cependant par mon activité de recherche, je m’efforce actuellement de trouver un financement pour mener à bien mon travail de terrain.
Cela fait déjà deux ans que j’ai commencé à m’intéresser à l’émergence d’acteurs de changement, que certains chercheurs américains ont nommé les « cultural creatives ».
En 2000, le sociologue américain Paul H. Ray et la psychologue Sherry Ruth Anderson ont révélé l’émergence d’un vaste sous-groupe culturel à la pointe du changement social dans nos sociétés occidentales (50 millions d’adultes aux USA !). Ils ont décidé d’appelé ces acteurs de changement les « cultural creatives », traduits en français par « Créatifs Culturels ». Une meilleure traduction serait celle de « créateurs de culture » puisqu’ils seraient « en train de créer une nouvelle culture pour le 21ème siècle » à travers l’adoption de nouvelles valeurs et de nouveaux modes de vie. Depuis, d’autres études ont été réalisées et ont confirmé que ces « créateurs de culture » composeraient entre 33 et 37% des populations d’Amérique du Nord, d’Europe de l’ouest et du Japon. Dans certains pays, comme en Allemagne, les études n’ont pas pu être réalisées faute de financement.
Ces « créateurs de culture » se définiraient simultanément par quatre valeurs :
– l’ouverture aux valeurs féminines (place des femmes dans la sphère publique, préoccupation au sujet des violences faites aux femmes…).
– l’intégration de valeurs écologiques et de l’enjeu du développement durable.
– l’implication sociétale (implication individuelle et solidaire dans la société…).
– le développement personnel (pouvant inclure une dimension spirituelle).
Pourtant, et c’est là que ça devient très intéressant, ces « créateurs de culture » n’auraient pas conscience de leur propre existence. Ils auraient ainsi tous l’impression de n’être que quelques pour-cents. Chaque « créateurs de culture » contribuerait à changer la société à son échelle (par ses valeurs, son mode de vie, son implication associative…) mais sans mesurer l’importance du changement en cours. Ce qui expliquerait leur « invisibilité ».
Pour en savoir plus, vous pouvez lire les deux livres qui ont été publiés aux éditions Yves Michel :
– Ray Paul, Anderson Sherry Ruth, « L’émergence des Créatifs Culturels », 2001.
– Association pour la Biodiversité Culturelle, « Les Créatifs Culturels en France », 2007.
Je m’intéresse à plusieurs groupes associatifs dans deux pays européens (la France et un autre pays européen) qui soit se revendiquent comme étant des « cultural creatives », soit défendent les valeurs de ces acteurs de changement. Je ne peux pas nommer ces groupes (pour le moment) pour des raisons liées à mon protocole de recherche. Mais je peux néanmoins préciser qu’il s’agit d’associations regroupant à chaque fois plusieurs dizaines de personnes, voire plusieurs centaines de participants. Ces individus se rencontrent régulièrement, écoutent certains orateurs, se mettent en cercle pour échanger, construisent des réseaux de sociabilité et participent parfois à certaines expériences corporelles (danses, pratiques musicales…). Ces individus « mobilisés » sont peu nombreux en comparaison des chiffres impressionnants révélés par les études mais affirment être conscients de leur identité.
En tant que chercheur, je tente de comprendre les formes d’engagement dans les mouvements liés aux valeurs des « cultural creatives ». Autrement dit, j’essaie de comprendre comment certains individus se font les relais de ces valeurs. Qu’est ce qui pousse certaines personnes à s’engager dans ces associations ? Pourquoi elles et non d’autres personnes ? C’est dans une approche « critique compréhensive » que j’étudie ces mouvements, où il ne s’agit pas de juger ces formes d’engagement mais de tenter de les comprendre avec une certaine prise de recul (d’où le terme de critique).
Concrètement, mon projet est déjà bien avancé. J’ai déjà réalisé diverses observations sur ces différents terrains et je suis à présent relativement bien intégré à ces diverses associations. Mon objectif est à présent de réaliser 34 entretiens, en France et dans l’autre pays européen que j’étudie, auprès de participants à ces mouvements. Les financements que je recherche me serviront à financer ces déplacements. Ces entretiens sont cruciaux pour l’avancée de mes recherches et pour comprendre ce qui pousse certaines personnes à « sauter le pas » et à s’engager. Voici mon calendrier de recherche :
– Réalisation d’entretiens (France et étranger) de janvier 2013 à février 2013.
– (Analyse de la première vague d’entretiens de mars à mai 2013.)
– Seconde vague d’entretiens (France et étranger) de mai à juin 2013.
– Résultats de ma recherche fin 2014.
Merci pour votre soutien ! Gwenhaël BLORVILLE
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