Pourquoi le véganisme ?
L’exploitation animale, le plus grand crime commis par l’humanité
Déforestation, hausse du niveau des mers, sécheresses, incendies, inondations et dérèglements climatiques en tout genre, pandémies liées à des zoonoses (covid : 4,6 millions de morts, auparavant SARS, Ebola, MERS, grippes H1N1, H5N1, H3N2 etc.), obésité dans les pays occidentaux, famines, au contraire, dans de nombreux pays d’Afrique, cancers du côlon, antibiorésistance, maladies cardio-vasculaires, malbouffe, diabète… tous ces maux, qui caractérisent notre époque et prennent de plus en plus d’importance, sont essentiellement la conséquence du plus grand crime commis par l’humanité : l’exploitation animale. Pour mémoire, en un an et demi, on tue plus d’animaux terrestres pour l’alimentation humaine qu’il n’a jamais existé d’êtres humains sur Terre (100 milliards). S’orienter massivement, pour de vrai, vers le véganisme offrirait une solution à tous ces problèmes.
Bien sûr, pour quiconque s’intéresse aux avancées de l’éthologie, et plus généralement de la zoologie, il est évident que la frontière entre l’humain et les autres espèces animale est de degré et non de nature. Plus de 160 ans après la publication par Darwin de L’Origine des espèces, il est hélas encore nécessaire de le préciser. La sentience qui décrit la capacité des animaux à ressentir la douleur mais aussi à être sujets de leur vie, développer des caractères, avoir des envies, des joies, des peines, doit être le critère décisif dans notre rapport aux autres, aux « zootres » pourrait-on préciser pour inclure les individus sentients qui partagent notre environnement.
De ce fait, puisqu’il nous est possible, aujourd’hui, de nous nourrir, de nous vêtir et nous divertir sans tuer ni maltraiter d’animaux sentients, comment peut-on justifier, moralement, d’ôter la vie chaque année à 70 milliards d’animaux terrestres pour l’alimentation des humains ? De tuer encore sur la même période mille milliards d’animaux aquatiques … De placer des primates non-humains dans des prisons appelées « zoos », pour le plaisir de les voir se morfondre et développer des troubles du comportement liés à leur incarcération ? A titre d’exemple, Nénette, orang-outan aux yeux brillants d’intelligence, est emprisonnée depuis près de 49 ans derrière les barreaux sinistres de la Ménagerie du Jardin des Plantes de Paris. Comme l’écrit Amandine Sanvisens, co-fondatrice de l’association Paris Animaux Zoopolis, « les êtres humains ont décidé pour elle un destin terrible. Depuis qu’elle a été capturée et arrachée à son milieu naturel à l’âge de trois ans, elle erre dans sa cage, dévorée par l’ennui. »
Qui ignore encore ce qui se passe dans les élevages et les abattoirs ? Les vidéos de l’association L214 se suivent depuis près de dix ans et, hélas, elles se ressemblent ! Les lanceurs d’alerte dénoncent la cruauté dont sont victimes les animaux exploités par les humains. Il ne peut y avoir de « viande éthique » puisqu’elle repose sur l’exécution d’animaux qui ne demandent qu’à vivre. Et non, cela ne concerne pas que les élevages aux dimensions industrielles. D’ailleurs, qu’il s’agisse d’un élevage industriel ou d’une petite exploitation à la campagne, en « bio » ou pas, les veaux et génisses sont pris à leur mère après la naissance pour que leur lait soit donné aux humains et les animaux sont tués bien avant d’atteindre leur espérance de vie. Dans le plus « traditionnel » des élevages, les poulets sont tués à 6 ou 8 semaines, alors qu’ils peuvent vivre 8 ans, les canards 13 semaines quand ils peuvent vivre 15 ans, les veaux sont égorgés à 8 mois maximum. Les cochons vivent 6 mois, alors qu’ils peuvent atteindre 15 ans, les bovins un à deux ans, sur 20 ans, etc. La logique marchande est évidente : à quoi bon dépenser des aliments, éventuellement des soins, et occuper de la place à l’étable, pour des animaux qui ont déjà atteint leur poids adulte, et donc leur valeur marchande ? Ce questionnement est indépendant des systèmes économiques, ce n’est donc pas le capitalisme qui est responsable de l’exploitation animale mais il permet d’en tirer profit.
Sur le plan de la pollution, la consommation de produits d’origine animale est un désastre. Prenons par exemple les gaz à effet de serre d’origine anthropique : selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, l’élevage représente 14,5 % de l’ensemble de ces gaz, soit plus que tous les transports réunis (14,1 %). Toutes les voitures, tous les camions, tous les avions, tous les bateaux… polluent, ensemble, moins que l’élevage. Ce sont le dioxyde de carbone et le méthane qui sont en cause, tout simplement car les animaux de rente, et en particulier les ruminants, rotent, émettent des flatulences et défèquent ! Une étude parue dans la revue Nature montre qu’une calorie de viande de bœuf ou d’autre ruminant (comme le mouton) cause 280 fois plus de gaz à effet de serre qu’une calorie de légume.
Se tourner vers le véganisme, c’est bon pour la planète
Accepter la fin de l’exploitation animale suppose, il est vrai, une certaine force morale puisque c’est remettre profondément en cause notre société, comme ce fut le cas à la fin de l’esclavage, plus tard avec les débuts du féminisme ou plus récemment avec la fin de la peine de mort dans notre pays. Prôner le véganisme ne relève en rien d’une démarche punitive, c’est au contraire se donner les moyens de découvrir bien d’autres recettes originales, pour ce qui a trait à la gastronomie. A tout niveau, que ce soit pour la nourriture du quotidien ou la haute gastronomie, l’alimentation végétalienne se développe de façon exponentielle. Il n’est pas question de perdre le plaisir de manger !
En somme, se tourner vers le véganisme, c’est bon pour la planète, pour tous ses habitants, pour notre santé, pour une utilisation plus juste des ressources (des céréales pour les pays du sud et non pour le bétail des pays du nord), et pour notre plaisir. Les véganes ne représentent aujourd’hui que moins d’un pourcent de la population, mais rejoindre ce groupe, c’est un engagement qui ne nuit en rien aux autres engagements qu’on peut avoir. Et souvenons-nous de ces mots de la sociologue étasunienne Margaret Mead : « Ne doutez pas qu’un petit groupe de personnes puisse changer le monde. En fait, c’est toujours ainsi que le monde a changé. »
Par Jérôme SEGAL, auteur du livre Tous véganes, Ed Yves Michel, 12/12/2021
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