Pour sauver les abeilles, changeons de modèle agricole !
Pour sauver les abeilles, changeons de modèle agricole
Un article de l’association Bioconsom’acteurs, dont je vous invite à lire la lettre d’info qui vient de paraître !
Publié le jeu. 27/11/2014
Deux organisations d’apiculteurs ont lancé un appel aux dons d’essaim (voir l’article du Monde) pour aider les apiculteurs de l’Ariège et des Pyrénées-Orientales, qui avaient subi une hécatombe dans leurs ruches l’hiver dernier. Une aide qui ne pourra pas remplacer un changement à grande échelle de notre modèle agricole, nécessaire pour sauver non seulement les abeilles domestiques, mais aussi tous les autres pollinisateurs sauvages. Ceux-là même qui nous nourrissent.
L’hiver dernier, c’était l’hécatombe dans les ruches des apiculteurs des Pyrénées orientales et d’Ariège. La faute aux pesticides utilisés dans les élevages voisins ? Pas seulement, d’après les investigations récemment menées par les services de l’Etat : ces derniers n’ont pas pu conclure à une « origine commune et unifactorielle » de la surmortalité des abeilles (voir l’article de l’AFP repris par goodplanet.info), bien qu’ils aient trouvé des traces de pesticides dans les ruches et sur les abeilles mortes.
Ni un seul coupable, ni un seul pollinisateur
Le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles (colony collapse disorder) est un phénomène observé de manière récurrente depuis les années 2000, notamment en Europe et aux Etats-Unis. Ses causes ? Elles sont nombreuses et se combinent entre elles. Dans un dossier grand public paru au printemps dernier, l’Institut national de recherche agronomique (Inra) a détaillé quelles étaient les principaux responsables: différents pathogènes comme l’acarien parasite varroa ; des prédateurs invasifs tels que le frelon asiatique ; et l’agriculture intensive, grande utilisatrice de pesticides. En Europe, trois insecticides néonicotinoïdes ont fait l’objet d’un moratoire en 2013 pour deux ans et seulement sur certaines cultures. Des élus se battent pour les interdire totalement (voir l’article d’euractiv.fr). Mais cela ne suffira pas.
« Il est facile de montrer du doigt un seul coupable, comme il est facile de désigner un seul animal charismatique [NDLR : l’abeille domestique] pour défendre la cause », fait remarquer Manu Saunders, écologue australienne qui a publié un billet en octobre sur le site web américain Grist. Non seulement il n’y a pas que l’abeille domestique à sauver, mais une multitude de communautés d’insectes pollinisateurs : les deux tiers des cultures mondiales destinées à l’alimentation humaine sont pollinisées par les insectes.
Hé oui, l’abeille domestique n’est qu’une seule espèce d’abeille, parmi les quelque 20 000 qui volettent dans le monde, font leur boulot de pollinisateur, mais dont personne ne parle. Sans parler des autres insectes pollinisateurs : papillons de jour et de nuit, guêpes, mouches à viande, syrphes (de petites mouches qui battent très vite des ailes). Même certains insectes considérés comme nuisibles sont des pollinisateurs, selon Manu Saunders. « Le palmier à huile a besoin de l’apion des roses trémières pour former des fruits, et notre cacao adoré est pollinisé par l’un des insectes les plus embêtants, le moucheron ».
Lieux de nichage et de nourrissage
Il semble alors évident qu’il ne suffit pas d’interdire les pesticides et de planter des fleurs pour sauver tout ce petit monde: c’est notre agriculture dans son ensemble qu’il faut repenser. A commencer par la pratique de la monoculture, destructrice d’habitats pour la faune sauvage.
Un champ d’amandiers en fleurs, comme on trouve en Australie sur des milliers d’hectares, décrit la chercheuse, c’est joli. Ce n’en est pas moins un « désert pour les pollinisateurs », qui n’y trouvent ni abri ni source de nourriture à long terme. « Des hectares de fleurs temporaires et pas d’épandages durant quelques semaines ne signifient pas grand-chose, s’il n’y a pas d’habitat permanent pour que les pollinisateurs puissent s’installer ». Pour favoriser ces derniers, il faut donc (re)créer un véritable écosystème qui soit favorable à tous les animaux et processus naturels permettant de produire notre nourriture. Cet écosystème devra être riche en litière végétale, en bois mort, en « mauvaises » herbes, c’est-à-dire en habitats où pourront se cacher et se nourrir de nombreux insectes durant l’hiver.
« Les insectes pollinisateurs ont besoin de feuilles, pétales et pollen spécifiques pour construire leur nid. S’il n’y a pas de lieu de nichage, ils vont soit bouger ailleurs, soit mourir sans s’être reproduit. Dans les deux cas, cela veut dire moins de pollinisateurs sauvages dans la zone agricole les années suivantes. Et à long terme, le déclin des communautés de pollinisateurs sauvages ». Fini les espaces verts bien propres, les champs carrés et uniformes: la nature a besoin d’un peu de bazar.
L’hiver dernier, c’était l’hécatombe dans les ruches des apiculteurs des Pyrénées orientales et d’Ariège. La faute aux pesticides utilisés dans les élevages voisins ? Pas seulement, d’après les investigations récemment menées par les services de l’Etat : ces derniers n’ont pas pu conclure à une « origine commune et unifactorielle » de la surmortalité des abeilles (voir l’article de l’AFP repris par goodplanet.info), bien qu’ils aient trouvé des traces de pesticides dans les ruches et sur les abeilles mortes.
Ni un seul coupable, ni un seul pollinisateur
Le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles (colony collapse disorder) est un phénomène observé de manière récurrente depuis les années 2000, notamment en Europe et aux Etats-Unis. Ses causes ? Elles sont nombreuses et se combinent entre elles. Dans un dossier grand public paru au printemps dernier, l’Institut national de recherche agronomique (Inra) a détaillé quelles étaient les principaux responsables: différents pathogènes comme l’acarien parasite varroa ; des prédateurs invasifs tels que le frelon asiatique ; et l’agriculture intensive, grande utilisatrice de pesticides. En Europe, trois insecticides néonicotinoïdes ont fait l’objet d’un moratoire en 2013 pour deux ans et seulement sur certaines cultures. Des élus se battent pour les interdire totalement (voir l’article d’euractiv.fr). Mais cela ne suffira pas.
« Il est facile de montrer du doigt un seul coupable, comme il est facile de désigner un seul animal charismatique [NDLR : l’abeille domestique] pour défendre la cause », fait remarquer Manu Saunders, écologue australienne qui a publié un billet en octobre sur le site web américain Grist. Non seulement il n’y a pas que l’abeille domestique à sauver, mais une multitude de communautés d’insectes pollinisateurs : les deux tiers des cultures mondiales destinées à l’alimentation humaine sont pollinisées par les insectes.
Hé oui, l’abeille domestique n’est qu’une seule espèce d’abeille, parmi les quelque 20 000 qui volettent dans le monde, font leur boulot de pollinisateur, mais dont personne ne parle. Sans parler des autres insectes pollinisateurs : papillons de jour et de nuit, guêpes, mouches à viande, syrphes (de petites mouches qui battent très vite des ailes). Même certains insectes considérés comme nuisibles sont des pollinisateurs, selon Manu Saunders. « Le palmier à huile a besoin de l’apion des roses trémières pour former des fruits, et notre cacao adoré est pollinisé par l’un des insectes les plus embêtants, le moucheron ».
Lieux de nichage et de nourrissage
Il semble alors évident qu’il ne suffit pas d’interdire les pesticides et de planter des fleurs pour sauver tout ce petit monde: c’est notre agriculture dans son ensemble qu’il faut repenser. A commencer par la pratique de la monoculture, destructrice d’habitats pour la faune sauvage.
Un champ d’amandiers en fleurs, comme on trouve en Australie sur des milliers d’hectares, décrit la chercheuse, c’est joli. Ce n’en est pas moins un « désert pour les pollinisateurs », qui n’y trouvent ni abri ni source de nourriture à long terme. « Des hectares de fleurs temporaires et pas d’épandages durant quelques semaines ne signifient pas grand-chose, s’il n’y a pas d’habitat permanent pour que les pollinisateurs puissent s’installer ». Pour favoriser ces derniers, il faut donc (re)créer un véritable écosystème qui soit favorable à tous les animaux et processus naturels permettant de produire notre nourriture. Cet écosystème devra être riche en litière végétale, en bois mort, en « mauvaises » herbes, c’est-à-dire en habitats où pourront se cacher et se nourrir de nombreux insectes durant l’hiver.
« Les insectes pollinisateurs ont besoin de feuilles, pétales et pollen spécifiques pour construire leur nid. S’il n’y a pas de lieu de nichage, ils vont soit bouger ailleurs, soit mourir sans s’être reproduit. Dans les deux cas, cela veut dire moins de pollinisateurs sauvages dans la zone agricole les années suivantes. Et à long terme, le déclin des communautés de pollinisateurs sauvages ». Fini les espaces verts bien propres, les champs carrés et uniformes: la nature a besoin d’un peu de bazar.
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