Nos auteurs se positionnent dans ce climat terroriste
Plusieurs de nos auteurs ont pris position face à l’attitude du gouvernement; je vous en livre ici une sélection (cliquez sur les liens).
Toute ma sympathie et mon soutien va aux familles des victimes de ces lâches attentats. Pour éviter que ça ne se reproduise, il me semble nécessaire de regarder la situation mondiale en profondeur, avec une perspective historique, de mettre à jour les mobiles sous-jacents à ce qui se passe.
Je suis opposé à de nouvelles mesures liberticides, au prolongement de l’état d’urgence au-delà de 12 jours, et à la fuite en avant guerrière du gouvernement. Lisez Naomi KLEIN et bien d’autres. Cela ne fera qu’empirer la situation, à notre détriment, nous les citoyens. Le juge Trevidic l’a clairement dit : “nous n’avons pas besoin de nouvelles lois, c’est de moyens pour mettre en oeuvre les lois existantes, dont nous avons besoin.”
Je vous incite à lire les ouvrages complets de ces auteurs. YM.
Jean-Claude Paye, auteur de L’EMPRISE DE L’IMAGE, de GUANTANAMO A TARNAC, sociologue, souligne le double discours du pouvoir et l’effet de sidération sur lequel il joue pour renforcer les lois liberticides dans un papier sur www.mondialisation.ca.
Les attentats de Paris. «Passeport» : LE RETOUR
Thierry BRUGVIN, auteur de ETRE HUMAIN EN REGIME CAPITALISTE ? écrit un article sur Mediapart :
LA GUERRE DU MOYEN ORIENT EST UNE GUERRE CONTRE LE TERRORISME MASQUANT UNE GUERRE DE RELIGION CACHANT UNE GUERRE ÉCONOMIQUE.
Extrait : le terrorisme contribue à créer des États d’exceptions de nature liberticide et les politiques et les guerres capitalistes entre nations pour l’accès aux ressources au nom de la démocratie et de la liberté. Par ailleurs, il existe de nombreuses méthodes antidémocratiques et parfois illégales utilisées par les États dits démocratiques d’Occident, pour service l’intérêt national de leurs entreprises, tel le soutien militaire et financier aux dictatures. Ainsi au niveau mondial, on assiste à une guerre de religion (en particulier au Moyen-Orient), qui s’avère instrumentalisée et masquée par une guerre impérialiste pour les ressources. Les conflits se déroulent principalement au Moyen-Orient, mais les tensions, les violences communautaires et les attentats eux touchent le monde entier préfigurant une possible guerre mondiale.
Fédérico Mayor, le préfacier de L’HOMME POST-NUMERIQUE, de François de BERNARD, signe un article : MENACE GLOBALE, REPONSE GLOBALE, sur le site du GERM.
Il y rappelle un appel récent de quelques semaines, dans lequel ” nous avons appelé solennellement à la tenue d’une session extraordinaire de l’Assemblée Générale des Nations Unies dont l’unique but serait d’adopter des mesures globales de réponse aux problèmes évoqués, mais aussi de définir une « feuille de route » conduisant à la refondation des Nations Unies.”
Olivier BERRUYER, auteur de STOP : TIRONS LES LECONS DE LA CRISE, anime le site www.les-crises.fr et apporte un nombre immense de papiers irrévérencieux, à lire absolument.
Par exemple celui-ci : ‘Des victimes sans valeur : les quatre millions de musulmans tués dans les guerres occidentales depuis 1990′. Papier fondamental de Nafeez Ahmed, publié en avril dernier.
Nafeez Ahmed, est un politologue britannique et journaliste d’investigation, qui travaille avec la BBC et le Guardian. Il est le directeur de l’Institute for Policy Research and Development de Brighton, et enseigne l’université du Sussex. Il a t nominé en 2003 pour le prix Napoli, équivalent du Goncourt français.
“Pourquoi nous détestent-ils autant ?” Eh bien pour ça, 4 millions de morts environ – bien plus que pour 10 lignes dans un livre, même saint…
Un autre article sur l’idéologie du groupe Daesh : What ISIS Really Wants : un article en anglais
Paul LANNOYE, auteur de COMMERCE MONDIAL : LA DEMOCRATIE CONFISQUEE, nous propose une réflexion : Pourquoi tant de haine ?
Pourquoi tant de haine ?
Les attentats terroristes de ce début d’année à Paris, comme celui du musée juif de Bruxelles il y a un an, ont à juste titre suscité une vague unanime d’empathie pour les victimes et d’indignation face à des actes de fanatiques haineux.
Des mesures de sécurité renforcées et de surveillance des milieux djihadistes ont été prises dans l’immédiat pour sécuriser une population inquiète. Sur les vagues de l’émotion légitime qui nous a tous étreints, les propositions visant à empêcher la répétition de ces attentats criminels se sont bousculées.
Comment empêcher le départ de jeunes gens tentés par l’engagement armé dans les zones de conflit ? Comment contrôler l’enseignement religieux dispensé dans notre pays par des imams radicaux pénétrés d’une lecture guerrière du Coran ? Comment améliorer l’intégration des jeunes issus de l’immigration pour qu’ils partagent nos valeurs et rejettent les discours de haine ?
Toutes ces questions sont légitimes et pertinentes. Mais suffisent-elles à affronter la réalité d’aujourd’hui ?
Je suis personnellement convaincu du contraire. Il n’est pas question ici de trouver la moindre excuse à des actes odieux, mais s’interroger sur les causes profondes du basculement de jeunes gens dans la haine de la société dans laquelle ils vivent est certainement utile.
Peut-être devrions-nous admettre, nous qui proclamons fièrement nos valeurs de justice, de liberté et d’égalité, qu’il n’est pas évident pour un jeune d’origine arabe de croire à notre sincérité. Les attitudes et les décisions des responsables politiques que nous avons élus apparaissent plus souvent dictées par les intérêts économiques et stratégiques que par le respect des valeurs et des idéaux démocratiques.
Les commentaires enthousiastes lors des soulèvements populaires contre des régimes autoritaires et répressifs dans les pays arabes, au nom de ces mêmes valeurs démocratiques, ont fait place, au fil des évènements au mieux à un fatalisme gêné, au pire à un réalisme cynique.
En Egypte, le retour au pouvoir d’anciens dignitaires du régime déchu a été salué positivement par des gouvernements européens gênés par l’élection à la présidence d’un représentant des Frères Musulmans. La répression sanglante et les jugements iniques qui frappent les responsables de ce mouvement ne semblent guère émouvoir les occidentaux.
En Lybie, le chaos s’est installé au bénéfice de factions armées et on ne voit pas vraiment d’éclaircie à l’horizon. Faut-il rappeler que la situation résulte d’une intervention militaire européenne lancée à grand renfort de considérations humanitaires comme si les richesses pétrolières du pays ne comptaient pour rien.
Pour ce qui est de la Syrie, on entend encore, c’était en 2013, les propos pour le moins imprudents de plusieurs responsables politiques belges saluant le départ et l’engagement de jeunes gens d’origine arabe contre les troupes gouvernementales de Bachar El Assad, Madame Laurette Onckelinx n’hésitant pas à les comparer aux jeunes enrôlés dans les brigades internationales aux côtés des républicains pendant la guerre d’Espagne.
Mais, au-delà des contradictions flagrantes entre les paroles et les actes, il est un autre constat qui doit immanquablement heurter et révolter tout jeune en recherche de repères. Il lui est en effet facile de constater que, aux yeux des responsables politiques occidentaux et des commentateurs attitrés de la presse bien-pensante, la vie d’un européen ou d’un américain a, dans les faits, plus de valeur que celle d’un arabe.
La mort de militaires européens ou américains tués dans une embuscade en Afghanistan ou en Irak fait la une de l’actualité. La mort de centaines de civils innocents tués par les drones américains, au Pakistan, au Yémen, en Somalie, pays qui ne sont pas en guerre avec les Etats-Unis, est passé sous silence voire carrément ignorée.
Sait-on que les assassinats ciblés par drone ont tué au moins autant de civils innocents que les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis ? Les drones ont tué des enfants, des vieillards, des sauveteurs et des participants à des cortèges funéraires à de nombreuses reprises. (1)
Le discours officiel selon lequel les attaques de drones sont des frappes chirurgicales d’une précision et d’une efficacité sans égal n’est qu’une fable sinistre permettant de se donner bonne conscience.
Le seul atout humanitaire des drones est l’absence de risque pour ceux qui déclenchent et dirigent les opérations. C’est la guerre avec zéro mort du côté des assaillants, lesquels se trouvent à des milliers de km de leurs victimes. Lorsque les « opérateurs » (pilotes de drones) basés au Nevada (base militaire de Creech) déclenchent un tir contre des territoires situés à l’autre bout du monde, ils ne savent pas qu’ils tuent. Par contre, les femmes et les enfants du Yémen et de Somalie vivant jour et nuit dans la terreur des missiles largués par les drones US savent très bien qui les terrorise.
Tant aux Etats-Unis qu’en Europe, la presse n’évoque que rarement cette guerre secrète des drones menée par le gouvernement des Etats-Unis.
Il a fallu que Barack Obama reconnaisse en avril dernier la mort en janvier de deux otages occidentaux pour que les critiques adressées par les détracteurs du programme des frappes états-unien trouvent un écho.
Quant à la presse européenne, elle est à peine sortie de sa torpeur pour relayer la publication par le site The Intercept d’un document confidentiel attestant que la base américaine de Ramstein au Sud-Ouest de l’Allemagne abrite l’un des centres névralgiques du programme des drones US (2). Le site de Ramstein accueille en effet une station-relais satellite qui permet aux opérateurs US de communiquer à distance avec leurs appareils évoluant au Yémen, en Somalie, en Afghanistan et dans d’autres pays cibles.
Un autre site est projeté en Italie, sur la base américaine de Sigonella, pour servir de substitut au complexe de Ramstein et éviter ainsi un point unique de défaillance potentielle.
Les dénégations du gouvernement allemand et le silence embarrassé des responsables européens ne peuvent tromper très longtemps les observateurs un tant soit peu critiques de la politique anti-terroriste en vigueur depuis 2001 et certainement pas ceux qui, d’origine arabe ou non, ont un lien affectif ou simplement un peu d’empathie envers les innocentes victimes du terrorisme d’Etat mis en place par les Etats-Unis avec l’assistance technique des Européens.
Comme le conclut Marjorie Cohn, professeur à l’école de droit Thomas Jefferson et secrétaire générale adjointe de l’Association internationale des juristes démocrates : « aussi longtemps que nous envahirons les pays à population musulmane, que nous occuperons leurs territoires, que nous torturerons leurs ressortissants et que nous les assassinerons avec des drones, nous ne serons pas délivrés du terrorisme ».
Paul Lannoye, Président du Grappe asbl
- Rapport du CFR (US Council of Foreign Relations), cité par Marjorie Cohn dans un ouvrage récent : « Drones and targeted killing : legal, moral and geopolitical issues», Olive Brauch Press, décembre 2014.
- Dans la presse francophone, seuls Le Monde et le Courrier international, qui lui a consacré son dossier hebdomadaire (n° 1279 du 7 au 12 mai 2015), ont relayé l’information.
Et un texte ironique de Michel HUTT, l’auteur du CRI DU COLIBRI :
J’aime regarder un bon polar à la télé.
Je n’hésite pas à juger les autres, je sais toujours où sont les bons et les méchants, ce qui est bien ou mal, beau ou laid.
J’aime qu’on m’obéisse, qu’on m’admire.
Je jubile quand mon équipe préférée pulvérise l’équipe adverse.
J’admets facilement que ma collègue féminine soit moins payée que moi.
Je n’aime pas le sentimentalisme, je laisse ça aux ados boutonneux, aux pédés et aux impuissants.
Sur la route, je trouve que les autres roulent mal.
Mes gosses tuent des gens à longueur de journée sur leur console.
Je me dis que si d’autres s’en sortent moins bien que moi c’est qu’ils n’avaient qu’à se bouger le cul.
Quand c’est l’heure de manger je me mets les pieds sous la table.
Je pousse un coup de gueule quand je suis énervé (‘z’ont qu’à pas me gonfler aussi !)
Quand mon toutou fait sa crotte sur le trottoir je regarde de l’autre côté.
Je ne manque jamais une occasion de chambrer un collègue ou de faire circuler un ragot, je suis un mec cool.
Je regarde les infos à la télé, avec les images ça parle plus qu’à la radio.
La pollution, les déchets, c’est pas moi c’est les autres.
Je n’aime pas les gros, les vieux, les moches.
Ce que je mange, ce que j’achète détruit la planète, des emplois, des ressources, mais c’est pas ma faute.
Je ne supporte pas que d’autres aient des avantages que je n’ai pas.
Je ne suis pas raciste “mais il faut quand même bien admettre que…”
Je pense que c’est aux politiciens de régler les problèmes, après tout c’est pour ça qu’on les paye.
Je mange de la viande sans penser à l’animal qu’on engraisse en captivité puis qu’on tue.
Je trouve qu’il y a trop de cons et de parasites sur Terre.
J’admets qu’un petit mensonge ça n’a jamais tué personne et que c’est bien pratique de temps en temps.
J’écrase la guêpe qui m’agace pendant un barbecue dominical.
Si un flic me contrôle quand j’ai bu je lui suggère (presque poliment) de s’occuper plutôt des vrais délinquants.
Je ne crois en rien sinon à la nécessité de faire mieux que les autres (qui entre nous soit dit sont des branquignoles le plus souvent).
Et bien sûr je veux vivre en paix et je suis à fond contre la violence !
Commentaires récents