Lutte contre le cancer : donner à la prévention primaire sa place légitime
Communiqué de presse de l’association Women in Europe for a common Future (WECF), auteure du livre sur les perturbateurs endocriniens:
MENACE SUR LA SANTE DES FEMMES
santé, prévention, cancer, environnement, écologie, perturbateurs endocriniens
Paris, le 4 février 2015
En ce 4 février, de nombreuses initiatives soulignent le besoin d’améliorer les traitements et la prise en charge des patients atteints de cancer. Voilà qui est indispensable, mais comme pour de nombreuses autres maladies, le volet prévention primaire est trop souvent négligé et ne reçoit ni l’attention ni les moyens qu’il mérite. Pourtant, des scientifiques de premier plan, à l’image de Patrice Sutton, du Programme de Santé Reproductive et de l’Environnement (UCSF), que nous avions invitée en octobre dernier à s’exprimer lors d’un colloque international autour de Cancer du sein et environnement(1) ou du Pr. Ted Schettler, auteur de The Ecology of Breast Cancer (2) préconisent et développent des modèles d’approche intégrée du cancer qui redonnent à la prévention sa place légitime. Parmi les facteurs à ne pas négliger, les perturbateurs endocriniens figurent en bonne place.Raison supplémentaire pour mettre en œuvre rapidement les actions nationales et européennes pour réduire l’exposition des populations à ces toxiques omniprésents.
The California Breast Cancer Prevention Initiatives : démarches pionnières en prévention
Patrice Sutton est co-auteur avec plusieurs scientifiques d’un article paru dans la revue Reproductive Toxicology en septembre 2014 (3) qui débute ainsi : « L’environnement est un vecteur sous-utilisé de prévention du cancer du sein. ». L’article fait le point sur 4 ans de travail des équipes passées à élaborer un agenda pour la recherche en cancer du sein, environnement, disparités et prévention. L’un des objectifs affichés du programme est notamment de « modifier le monde autour de nous pour promouvoir un environnement moins cancérogène ».
Du concret pour réduire les expositions aux cancérogènes et perturbateurs endocriniens (PE) mis en cause
Depuis 1945, le volume de production des substances chimiques a été multiplié par 15 dans le monde. Aux Etats-Unis, près de 700 nouvelles substances chimiques sont mises sur le marché chaque année. L’Europe n’est pas en reste. Des produits chimiques, dont des perturbateurs hormonaux (ou endocriniens) sont mis en cause dans le cancer du sein : bisphénol A, composés perfluorés, atrazine (un pesticide), certains parabènes (conservateurs de cosmétiques), cadmium, dioxine, acrylamide, HAP, oxyde d’éthylène, produits pharmaceutiques, etc.(4). Anne Barre, présidente de WECF France précise que « WECF souhaite voir la réduction des expositions aux perturbateurs endocriniens débuter au plus vite : sensibiliser le public à la réduction des expositions aux cancérogènes aux perturbateurs endocriniens, comme le prévoit le 3ème Plan Cancer est certes un progrès, mais ne plus autoriser sur le marché de produits dangereux pour la santé serait nettement plus efficace en termes d’impacts. La Commission européenne n’a que trop tardé pour fournir aux citoyens européens les avancées indispensables et exigibles dans une démocratie où protection de la santé, de l’environnement et le principe de précaution font partie de nos fondements. » (5)
The Ecology of Breast Cancer, modèle d’approche intégrée du cancer du sein
Le Pr Ted Schettler est Directeur scientifique du Collaborative on Health and Environment. Il est l’auteur d’un ouvrage paru en 2013 sur le cancer du sein, cancer hormono-dépendant le plus courant chez la femme (1 femme sur 8 en France), dont les coûts annuels en décès prématurés et handicaps sont estimés à 88 milliards de dollars (6). Ses travaux et la compilation de nombreuses données sur la maladie lui permettent d’affirmer que « Le cancer du sein est histoire de conception. La maladie ne se résume pas à des cellules anormales mais est aussi une histoire de communautés que nous créons et dans lesquelles nous vivons. Le cancer du sein est profondément un problème de santé publique, qui nécessite une réponse de santé publique. Le voir comme un défi écologique nous aide à identifier des interventions à de multiples niveaux pour réduire le risque de cancer et améliorer l’issue de la maladie après le diagnostic. »
(1) Patrice Sutton, du Programme de Santé reproductive et de l’Environnement de l’Université de Californie San Francisco est intervenue sur le thème «Rôle des professionnels de la santé reproductive et des scientifiques dans la réduction des expositions environnementales en cause dans les troubles de la santé reproductive féminine», colloque organisé par WECF le 14 octobre 2014 à Lyon, https://www.projetnesting.fr/Communique-17-octobre-2014-Cancer.html
(2) The Ecology of Breast Cancer – The promise of Prevention and the Hope for Healing, Ted Schettler, MD, PhD, October 2013, https://www.healthandenvironment.org/partnership_calls/13035
(3) California Breast Cancer Prevention Initiatives: Setting a research agenda for prevention, P. Sutton M.H.E. Kavanaugh-Lynchb, M. Plumbc, I.H. Yend, H. Sarantise, C.L. Thomsenb,S. Camplemanb, E. Galpernc, C. Dickensona, T.J. Woodruff, Reproductive Toxicology, 2014.
(4) Voir notamment les 17 produits identifiés comme prioritaires pour prévenir le cancer du sein, Silent Spring Institute (dossier de presse colloque WECF https://www.projetnesting.fr/IMG/pdf/dossier_de_presse13_et_14_oct_2014_wecf.pdf )
(5) Le Festival International du Film de l’Environnement qui se tient à Paris du 3 au 10 février 2015 projette le 9 février à 14h30 et 20h30 « Endoc(t)rinement » de Stéphane Horel, enquête sur le lobbying contre la réglementation des perturbateurs endocriniens à Bruxelles, https://fife.iledefrance.fr/thematique-sante-environnement
(6) Chiffres du rapport State of the Science on Endocrine Disrupting Chemicals 2012, WHO/UNEP, 2013.
Contact presse :
Elisabeth Ruffinengo, responsable plaidoyer santé-environnement, WECF France
elisabeth.ruffinengo@wecf.eu 04 50 83 48 13 / 06 74 77 77 00
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