Pour chaque euro de bénéfice généré par l’édition d’un roman en France, il existe un coût caché environnemental et social de 75 centimes, principalement à cause de la fabrication du papier.
Tel est le résultat de cette nouvelle étude de BASIC (Bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne) « Un livre français : Évolutions et impacts de l’édition en France ». Cette étude passe au crible les impacts sociaux et environnementaux des filières de production du papier et du livre, dans les coulisses industrielles de nos bibliothèques.
Alors que depuis 2011, nous avons rédigé, avec quelques confrères, une charte d’engagements écologiques.
Mes éditions font imprimer plus de 90% de leurs livres dans un rayon de 600 km, en France, et sur du papier soit recyclé, soit labellisé; c’est un choix écologique qui nous coûte de l’argent.
Aussi, cher.e.s lectrices/eurs, je vous incite vivement, lorsque vous allez acheter un livre, à regarder où celui-ci a été imprimé (en dernière page); vous ferez ainsi votre choix en connaissance de cause… YM
Une logique commerciale qui augmente le gaspillage
Au-delà de l’inestimable valeur culturelle qu’il véhicule, le livre est-il devenu un objet de consommation de masse ?
En France, la financiarisation de l’édition observée ces 20 dernières années a accéléré la concentration du secteur : en 2014, 3 groupes (Hachette Livre, Editis et Madrigall) se partageaient 50% du chiffre d’affaires du secteur.
Les impératifs de rentabilité à court terme désormais en vigueur sont à l’origine d’un modèle de vente qui favorise le gaspillage : chaque année, plus d’1 livre sur 4 est ainsi détruit (« pilonné ») sans jamais avoir été lu.
L’industrie papetière, 3ème secteur le plus touché par les destructions d’emploi, après le textile et l’extractif
Dans le même temps, les industries françaises de l’impression et surtout du papier se sont effondrées ces 10 dernières années, au profit de groupes situés dans d’autres pays, en Europe ou dans des pays en développement. 1 emploi sur 3 a disparu depuis 2000 dans l’industrie papetière, 3ème secteur le plus touché en France par les destructions d’emplois après les secteurs textile et extractif.
Désormais, les fabricants de livres s’approvisionnent majoritairement auprès d’une filière mondialisée du papier dont les impacts environnementaux et sociaux sont peu connus des professionnels comme du grand public.
Le Brésil, symbole de la mondialisation du papier
Au Brésil, d’où provient la majorité de la pâte à papier nécessaire au papier de nos romans, des conglomérats de taille mondiale exploitent d’immenses plantations d’eucalyptus clonés au détriment de la biodiversité, des paysans locaux et de la ressource en eau.
Pour un livre durable
Plantations de bois certifiées, fibre recyclée ou liseuse, notre étude montre qu’aucune alternative ne peut à elle-seule mettre fin aux impacts sociétaux constatés.
Elle conclut sur le besoin urgent de faire émerger, avec tous les acteurs, une filière du livre durable en France qui prenne en compte plusieurs dimensions, entre autres : une remise en question du système de surproduction des livres, un soutien public à la filière du recyclage papier, et une re-territorialisation des étapes de fabrication et d’impression.
Le rapport
- Le rapport : Un livre français : évolutions et impacts de l’édition française
- La bibliographie : Bibliographie du rapport Un livre français
- Le communiqué de presse : BASIC-CP_Etude Un livre français_Septembre 2017
- En savoir plus sur les coûts sociétaux : Evaluer les coûts sociétaux pour choisir les modèles économiques de demain
Revue de presse
- ActuaLitté : Surproduction, mondialisation, recyclage : pour un livre durable, L’édition française coûte 52 millions d’euros par an à la société, L’édition déraisonnable : « Aujourd’hui, on édite des livres pour les détruire » et Soutenir le droit d’auteur, oui ; moraliser l’édition, moins
- BFMTV : Le secteur du livre, mauvais élève du développement durable
- Grazia : Chaque année dans l’édition, 1 livre sur 4 part au pilon
- Konbini : Le secteur du livre doit se mettre à la page sur le développement durable
- Le Figaro Économie : L’environnement, chapitre oublié des éditeurs
- Libération : Rentrée littéraire : est-ce que je pollue en lisant ?
- Livres Hebdo : Un coût social et environnemental trop élevé pour l’édition française
- L’Obs : Edition : un livre sur quatre part au pilon, soit 142 millions de livres par an
- L’Observatoire des multinationales et BastaMag! : Invendus, pollutions, délocalisations : les coûts cachés de la rentrée littéraire
- Novethic : Rentrée littéraire : le coût des livres
- Sud Ouest : Développement durable : en France, le livre « vert » est à inventer
- Télérama : L’édition, mauvaise élève du développement durable ?
- TV5Monde : « Une filière durable du livre » est à inventer
- Live-tweet sur ActuaLitté
Sur les ondes
- France Inter : CO2 Mon Amour
- RFI – Chronique des matières premières : Quel papier pour les livres de la rentrée littéraire ?
- RFI – C’est pas du vent : L’impact méconnu de l’édition française
- RMC – Bourdin Direct / Dupin Quotidien : Imprime-t-on trop de livres en France ?
- RTL – C’est notre Planète : Un livre sur 4 doit être détruit en France
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