L’impact catastrophique des intérêts sur la monnaie
Il y a un peu plus d’un an maintenant j’ai fait l’acquisition de l’ouvrage de Magrit Kennedy « Le poison des intérêts ».
C’était lors des journées de l’économie à Lyon en novembre 2015 et, furetant comme à l’accoutumée au salon du livre, mon attention a été attirée par la couverture de cet ouvrage. Suivant mon intuition, j’en ai fait l’acquisition immédiate, et quelle découverte ! Venant de l’économie standard mais m’intéressant depuis quelques années aux monnaies complémentaires et à la pensée critique du système monétaire et financier actuel, je ne m’étais pourtant jamais encore véritablement penchée sur les taux d’intérêt. J’avais à peine effleuré la question à travers la problématique du financement de la dette publique et de l’indépendance des banques centrales.
Or, cet ouvrage ouvre un champ de réflexion non seulement plus vaste, mais beaucoup plus profond des effets des intérêts sur le fonctionnement et l’évolution de notre système. Il nous amène à prendre conscience qu’ils sont un élément fondamental du creusement des inégalités, de la course à la croissance, de l’inflation et de l’inefficacité des politiques monétaires. Sans une remise en question du principe des intérêts composés dans nos sociétés, Magrit Kennedy montre qu’il n’est pas décemment possible d’envisager pouvoir réduire les inégalités et financer des activités économiques respectueuses de la nature et au service de l’humain.
Elle propose dès lors des solutions pour se défaire des intérêts composés et rendre aux citoyens cet outil de création, d’échange et de partage potentiellement fabuleux qu’est l’argent. Il est bien dommageable qu’à l’heure actuelle si peu d’économistes mènent une réflexion objective et approfondie sur les conséquences fondamentales des intérêts composés.
Cet ouvrage est une ouverture, un appel à une prise de conscience plus grande de l’importance de l’influence des intérêts sur l’évolution du système lui-même. Espérons que cet appel soit entendu et que de plus en plus d’économistes s’emparent de cette question. Magrit Kennedy, de même qu’Helmut Creutz et Bernard Lietaer ont ouvert la voie. A nous désormais d’en élargir la trace.
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