Lettre ouverte au ministre de l'agriculture: où sont vos priorités ?

M. le ministre de l’agriculture, où sont vos priorités ?

Lettre ouverte à Monsieur le ministre,
A écouter certaines de vos déclarations, j’avais un certain espoir concernant l’évolution de l’agriculture vers l’agroécologie. Or aujourd’hui, je suis très perplexe ; il y a déjà l’utilisation des pesticides qui ne décroit pas… Mais il y a aussi la situation de l’élevage en France qui me conduit à vous interpeller.
pucage5|Photo prise le 13/03/2014  © Radio France - 2014|/sites/default/files/2014/03/13/4814228/pucage5.JPGJe viens d’entendre le témoignage de ces deux éleveurs de moutons dans le Tarn, Laurent Larmet et Nathalie Fernandez, interviewés par Ruth Stegassy sur France Culture, dans son émission « Terre à Terre ». Ils racontent comment ils ont été réellement persécutés, le mot me semble approprié, par votre administration tatillonne et zélée, puis privés de leurs aides européennes, parce qu’ils tiennent à mener leur élevage avec des standards de haute qualité et avec humanité. Cet engagement les a amenés à se positionner en citoyens libres et adultes, ce qui a déplu aux représentants de votre administration.
J’en suis profondément choqué, étant moi-même fils de paysan, et citoyen engagé pour des valeurs écologiques. C’est donc sur cette base que je me permets de vous interpeller :
Où sont vos priorités de ministre de l’agriculture ?
Est-ce de soutenir et d’accompagner les agriculteurs qui tentent de produire des aliments sains tout en préservant les sols pour l’avenir ? N’ont-ils pas déjà assez d’obstacles à surmonter pour simplement survivre ? Est-ce de faciliter l’exercice de leur profession d’agriculteurs biologiques, en leur laissant consacrer leur temps à leur travail, ce qu’ils font avec cœur ? Connaissez-vous la pénibilité de ce métier ?
Ou bien de les tracasser de diverses manières afin de les décourager, les pousser à abandonner leur métier voire au suicide, il y en a, hélas… ? Les étouffer sous des montagnes de démarches et des chicanes administratives ?
Est-ce de reconnaître une intelligence et la liberté à des agriculteurs pionniers d’une agriculture durable, celle que vous semblez appeler de vos vœux ?
Ou bien de les considérer comme infantiles et de les mettre sous tutelle par des administratifs qui passent l’essentiel de leur temps dans des bureaux, qui se permettent de décider sans appel de l’avenir des agriculteurs parce qu’ils leur déplaisent ?
Est-ce de maintenir une agriculture de qualité biologique, très peu consommatrice d’intrans, riche de sensibilité humaine, diverse, en faisant confiance à des êtres humains ?
Ou d’imposer un modèle toujours plus technocratique, productiviste, normé, polluant et pollué ? L’imposer à tous, ce qui est le cas ici, relève de pratiques faisant penser à l’ex URSS, c’est-à-dire à un totalitarisme. Les nombreux cas de fraudes alimentaires, dont la célèbre « viande de chevaux malades » en provenance de Roumanie, n’attestent pas d’une grande efficacité de cette démarche. La présence de résidus de pesticides très répandus dans les aliments non plus. Pourquoi votre administration prend elle (presque) toujours des décisions favorables aux lobbies de l’agrochimie, comme concernant les abeilles et les pesticides qui les détruisent, menaçant par là gravement l’avenir de nos sociétés ?
Aussi, monsieur le ministre, je souhaite connaître votre position, en toute clarté, sur l’attitude de votre administration à l’égard de ces éleveurs de moutons et je vous demande de bien vouloir reconsidérer leur situation pour leur accorder les aides financières auxquelles ils ont droit.
Ceci relèverait l’opinion que la plupart des citoyens français, dont moi, ont de leurs élus, donc j’ose espérer que vous aurez à cœur de vous y consacrer. Est-ce que je me trompe ?
Je vous informe que je compte publier votre réponse.
Sur ce, je vous souhaite un agréable printemps, il est temps pour moi d’aller apporter du compost à mes modestes plantations autour de ma maison.
Yves MICHEL 05300 EOURRES
Ancien maire de cette commune de montagne, Editeur engagé

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