Les trois métamorphoses, par François PLASSARD

 Les trois Métamorphoses

grâce à une « Nouvelle Donne » de la pensée ?

propos pour un débat préparatoire à la conférence internationale sur le Climat à Paris en 2015

 par François Plassard

Sommaire
 I- Économie de l’offre et/ou économie de la demande ? 
Les solutions sont dans ce que nous ne savons pas voir pour le moment
II- L’esprit de Roosevelt appliqué au territoires de l’Aude
III- La triple métamorphose
de la création de la monnaie , du travail avec le revenu de base inconditionnel et des territoires avec l’économie circulaire.

 I-Économie de l’offre et/ou économie de la demande ? 

 Les solutions sont dans ce que nous ne savons pas voir pour le moment

 L’équation «  compétitivité, croissance,  emploi » »  est devenu le cadre incontournable de tous les débats des partis politiques sur le « vivre ensemble » et sur la manière de faire société. La finalité de la vie humaine semble avoir été réduite à une guerre économique généralisée ! Guerre de chacun contre tous,  qu’amplifie notre capacité à mettre un chiffre ou un nombre en face de toute réalité, de quelque nature qu’elle soit, pour (en lui donnant un prix) la transformer en marchandise !
Heureusement il n’en a pas toujours été ainsi.
Franklin Roosevelt en 1933 avait , à l’inverse de toutes les politiques économiques de l’offre actuelles (centrées sur une logique de l’offre de nouvelles marchandises supposée engendrer sa demande, ses clients solvables),  initié « une économie de la demande » par endettement de l’État pour des grands travaux créant ainsi six millions d’emplois. Malheureusement la guerre financée par de la création monétaire fut plus efficace encore pour créer en trois mois 7 millions d’emplois de femmes pour construire des bombardiers et 5 millions d’emplois de soldats dont nombreux moururent en héros sur nos plages du débarquement.
Dix ans plus tard en 1944 au sommet de Philadelphie et Bretton Woods, pour reconstruire le système financier international, Franklin Roosevelt affirmait publiquement que : «  le travail n’est pas une marchandise » . Maintenant on dirait l’emploi n’est pas une variable d’ajustement pour le profit des actionnaires !
Il concluait son discours en affirmant que « la pauvreté , où qu’elle existe, constitue un danger pour la prospérité de tous », que « la possibilité pour tous d’une participation équitable aux fruits du progrès en matière de salaire, de durée du travail, d’un salaire minimum vital était l’objectif à atteindre ».
 Soixante dix ans plus tard en 2014 un tel discours paraît tellement à l’opposé des réalités de chômage et d’inégalités sans précédent accumulées constatées, que nous avons difficulté à croire que des hommes politiques de premier rang aient pu prononcer de tels finalités à l’opposé du bréviaire journalier «  compétitivité, croissance, emploi » !
Même si nous savons qu’en France, la politique du CNR (Conseil National de la Résistance), que récemment Stéphane Hessel a remis dans nos mémoires à travers les « indignés », a permis cette alchimie vertueuse de partage équitable des gains de productivité du travail. Partage équilibré  entre la hausse des salaires, la baisse des prix, la réduction massive du temps de travail (de 60h à 40H/semaine)et la rémunération juste des investissements en machines (du capital). Au point que nous avons donné, à posteriori le qualificatif de « Trente Glorieuses » à ces trente années qu’avaient rêvé Roosevelt en conciliant le BIB (Bonheur Intérieur Brut ) avec le PIB (Produit Intérieur Brut).
 Ces trente dernières années il nous semble que nous ayons pris un chemin inverse au compromis des « trente glorieuses »,  puisque les revenus du Capital ont progressé de 22% tandis que les revenus du travail ont baissé de 17% (René Passet auteur de l’économique et le vivant), puisque la part des salaires dans le PIB est passé (dans 11 pays de l’Europe) de 70% à 56% engendrant un chômage structurel , obligeant les États à s’endetter pour maintenir la croissance entraînant une exubérance des marchés financiers ! Jusqu’à une crise financière en 2008 que les politiques s’efforcent cette fois d’endiguer pour sauver les banques…avant qu’elle ne devienne un tsunami financier ! 
 A la télévision, les commentateurs de la crise (depuis 30 ans!) font souvent un lien analogique avec les années 1930 où la surcapacité de production des entreprises côtoyait l’effondrement du pouvoir d’achat du plus grand nombre. Comme dans les années 1930 la disparition de la classe moyenne fait apparaître une « société en sablier » avec à son extrême la transformation de la pauvreté en misère (retour des bidonvilles) sous l’arrogance des riches de plus en plus riches !
Comme dans les années 1930 la crise d’accumulation était déjà mondiale ! Et les discours des politiques avant Roosevelt aux État Unis ressemblaient à ceux actuels qui font de la baisse des charges (salaires, charges sociales qui sont des salaires différés et mutualisés ) une nécessité pour le retour de la Croissance jugée indispensable pour la diminution du fléau de la société qu’est le chômage . Deux opinions se distinguent : celle « religieuse » de ceux qui consultant les oracles implorent le retour de la « Croissance » comme on attend le messie ou la grâce de DIEU, celle de ceux qui ont « perdu la foi » voyant combien la croissance des uns est bien souvent volée à celle des autres à coup de dumping social ou environnemental dans les échanges, constatant la fin d’une Promesse collective : la croissance du revenu des riches ne tire plus celle des pauvres quand elle ne produit pas le contraire  !
Nous revoilà dans le discours de tous les partis politiques sur le « changement c’est maintenant » ! Lequel changement est, si nous élevons notre regard pour embrasser des longues périodes de 80 ans d’accumulation capitaliste de marché : « la répétition de l’identique » nous expliquerait  la philosophie grecque ou « le retour du même » nous expliquerait  S.Freud !
A quand le retour d’un nouveau Roosevelt qui avait commencé son mandat en embauchant J.P.Kennedy, «  un voleur pour attraper des voleurs » disait-il,  un banquier  dont nous aurions tant besoin pour récupérer des milliards de dollars immobilisés dans les paradis fiscaux ? Soit la moitié des bénéfices du commerce international, prétendent certains observateurs. 
A quand un Nouveau Roosevelt pour inverser le retour à une économie de l’offre  que met en place le gouvernement socialiste actuel à travers le  Pacte de Responsabilité engendrant le cercle récessif de l’austérité et préparant la phase suivante, le GMT : le Grand Marché Transatlantique.  Ce qui revient à accompagner la transition d’une guerre économique  actuelle de conquête de parts de marchés à coup de dumping social et écologique entre pays européens sans harmonie fiscale mais ayant la même monnaie  (actuellement plus de 60% de nos échanges extérieurs),  vers une guerre économique trans-atlantique mondialisée qui deviendrait une guerre des monnaies ?
A quand une économie de la demande inspirée de Roosevelt, interventionniste de l’État sur le marché, plus adaptée à une société d’information, de connaissance et de service que d’objets,  renouant avec la conception de l’auteur du livre  «  la pauvreté dans l’abondance » JM.Keynes (1930) qui nous concerne tant, mais surtout l’auteur aussi de  : « Théorie générale de l’emploi, l’intérêt, la monnaie » (1936) !
Faisons l’économie de la lecture de son livre  « comment payer la guerre ? » (1940) pour préférer la relecture de son dernier ouvrage  si peu connu «  lettre à mes petits enfants » . Dans ce dernier livre plus prospectif sur les contradictions et tensions du  rapport entre le travail et le capital, thème déjà de Jean Jaurès qui voulait éviter la guerre en 1914,  JM.Keynes exprime que les reports successifs des gains de productivité du travail de l’agriculture sur l’industrie , puis des gains de productivité de l’industrie sur les services, puis des services sur ? ?.. déboucheront sur une «  grande dépression nerveuse collective » ! (qualifiée de « maniaco dépressive » par P. Viveret philosophe à la Cours des Comptes).
 Dépression dont, explique JM.Keynes, « ses petits enfants ne se sortiront que par une grande révolution culturelle » 
  « Ce seront les peuples capables de préserver l’art de vivre et de le cultiver de la manière la plus intense, capables aussi de ne pas se vendre pour assurer leur subsistance, qui seront en mesure de jouir de l’abondance le jour où elle sera là » concluait-il. 
Nous y sommes !
 
Impasse de la guerre , nécessité de métamorphose ?
Quand Edgard Morin, chercheur sociologue, philosophe,  vice président de 117 universités au Monde ,  exprime en 2011 devant 600 personnes à la Défense «  que le plus probable est l’effondrement qui historiquement nous a conduit aux révolutions sanglantes ou à la guerre, mais l’improbable et possible est la Métamorphose »   est-ce de cette Révolution culturelle annoncée par Keynes en 1930 pour ses petits enfants, dont il veut parler ?
Soit une Métamorphose (étymologiquement changement de forme) pour échapper au « retour historique du même » ou à la « répétition de l’identique » qui sur des cycles de 80 ans nous amènent à la révolution ou à la guerre ?
 Dans Révolution culturelle il y a contenu l’idée que la transformation économique et sociale est indissociable d’un changement personnel ou individuel . 
Dans le mot Métamorphose, familier aux biologistes qui observent l’évolution du vivant , il y a l’idée d’une (re) évolution , d’une déconstruction et reconstruction vers une forme nouvelle (méta-forme), un saut qualitatif comme la chenille qui devient papillon ou le têtard qui devient grenouille.
Dans la mythologie grecque la première fois que le mot métamorphose apparaît, c’est lorsque Daphné déesse de la beauté veut échapper à l’amour inquisiteur d’Apollon, dieu de la puissance et de la médecine.
Si « la vie n’évolue que de métamorphose en métamorphose » exprime Galilée en observant dans sa prison en Toscane l’ infiniment petit pour expier la faute d’avoir inversé  une représentation sur l’infiniment grand (ce n’était plus le Soleil qui tournait autour de la Terre dans une vision anthropocentrique , mais inversement la Terre qui tournait autour du Soleil),
Nous sommes loin d’avoir exploré toute la richesse de ce concept de forme singulière de changement appliqué à nos sociétés humaines pour échapper à ce cycle répétitif « croissance-effondrement » de nos organisations humaines.
Dans son livre de 1972 : « Structure des révolutions scientifiques » Thomas Kuhn explique :
 « Les sciences n’évoluent pas simplement par accumulation de connaissances , mais par saut qualitatif , par une nouvelle manière d’organiser et  de relier entre elles  ces connaissances » . Les chercheurs en neurosciences, relisant T.Kuhn qui étudiait les « changements de paradigme » dans l’évolution des sciences, parleraient sûrement de « réinterprétation cognitive ».
Nous voilà riches de nombreuses nuances pour comprendre ce mot de « métamorphose » alternative à l’effondrement. 
Si Roosevelt a tenté dans les années 1930, en écoutant l’économiste JM Keynes, d’inverser les solutions qui aggravaient la crise pour échapper à la guerre en privilégiant  l’ « économie de la demande » (son New Deal) sur l’ « économie de l’offre » que nous propose l’équation « compétitivité , croissance , emploi » ,  tentons d’aller plus loin avec le mot Métamorphose,  compris cette fois comme une « Nouvelle donne de la pensée » ?
L’inquisition
Les ouvrages ont été nombreux pour décrire ce qui après les années 1975 semblaient en économie aller à reculons des trente années précédentes. Les uns montraient comment l’indice du développement humain(IDH)mesurée par le PNUD (programme des Nations Unis pour le développement) basculait en sens inverse de celui de l’évolution du PIB, les autres montraient combien l’absence de limites dans tous les domaines (éducation, santé, environnement, agriculture….) déclenchaient des «  effets de seuil » à partir desquels les processus évolutifs « inversaient les fins et les moyens » (cf Yvan Illich), d’autres mettaient l’accent sur la perte de sens de l’enfermement dans un travail réduit à un emploi (perdre sa vie à vouloir la gagner) comme André Gorz , Annah Harendt, Castoriadis …,  d’autres critiquaient ce principe de «  main invisible autorégulatrice du marché »  devenu  principe unique et suprême d’organisation de nos sociétés, indépendamment de toute autre logique morale ou éthique. Ce « monothéisme de marché » , l’anthropologue économiste Karl Polyani, auteur de « la Grande Transformation », l’appelait déjà en 1944 : « l’intégrisme de marché » nous mettant en garde de la transformation insidieuse de l’ « économie de marché » nécessaire  en « société de marché » de plus en plus totalitaire.
 Les chercheurs de sens , du faire autrement , tels des « camisards » face à « l’intégrisme de marché », se retrouvaient critiques des idéologies de la marchandisation généralisée de la société (souvent avec la complicité des États), comme les accords (neo-liberaux) entre madame Thatcher (la dame de fer) et le président américain Reagan nommés par la presse « Consensus de Washington » pour déréguler le rôle des Etats dans la redistribution de la richesse, avec sa célèbre  formule TINA (There Is No Alternative à l’accumulation capitaliste de marché ), les accords du GATT qui donnèrent naissance au mouvement ATTAC, le traité de Maastricht et bien d’autres choses encore.
La mutation invisible de la création de la monnaie !
De tous ces constats d’une « économie de l’offre » débarrassée du rôle de redistribution de l’Etat comme pendant les trente glorieuses,  imprégnés d’un sentiment d’interdépendance croissante et de  déterminisme ( « on ne sait pas ce qui se passe , mais ça se passe !») le phénomène le moins commenté, invisible ?, à l’effet de levier le plus puissant, est à mon sens :
 Le changement de nature dans la fonction que nous avons attribué à un outil pour en faire une finalité : la monnaie ! Pour le dire plus simplement l’argent devenait Roi !
Curieusement, cette monnaie, outil du quotidien qui permet les échanges des biens et des services, personne ne sait vraiment qui le fabrique, ni comment il fonctionne ! « Plus mystérieux encore que l’Amour ? : l’Argent ! » me vient-il souvent d’exprimer, non sans un grain d’humour.  Pour susciter l’attention en racontant ce procès ludique de l’ « argent devenu roi » qui a fait intervenir des personnes témoins de renom (A.Jacquard, R.Petrella, F.Morin, P.Viveret, R.Passe….) devant juge, procureur , avocats et 600 personnes dans le tribunal, (deux journées de huit heures !) au festival Camino de la non violence en 2009 à Toulouse Tournefeuille !
Au niveau individuel, Aristote nous avait prévenu que «  lorsque la finalité de nos échanges facilités par la monnaie ne serait plus l’accroissement du bien être de nous même et de nos proches, mais aurait pour seule finalité le profit (la spéculation qu’il appellait chrématistique plutot qu’économie « oikos nomos » ), il n’y aurait plus de limite à l’accaparement du pouvoir et de la richesse ! »
Karl Polyani (déjà cité),  comprenant cette absence de limite engendrée par cette ambivalence de l’argent,  dira que c’était « la phrase la plus prophétique qu’il avait lu de toutes les sciences sociales »
  L’arrivée des « demi-dieux, au delà des nuages, manipulateurs de signes et de symboles »
comme le prophétisait le poète philosophe Homère dans l’Iliade et l’Odyssée huit siècles avant JC.
 Au niveau collectif, les années 1970 furent des années de rupture :
 En Aout 1971 le président Nixon déclare la non convertibilité du dollar en or . La porte est ouverte alors pour un glissement conceptuel de la monnaie :
de la représentation virtuelle avec des billets  de  la valeur des biens et des services pour en faciliter l’échange, à celle de l’ « argent dette » ou « monnaie crédit » où l’on ne s’échange plus que des promesses !
Cette rupture conceptuelle apparemment invisible que permet la dématérialisation de la monnaie dans des lignes débit/crédit d’ordinateurs reliés entre eux, va être lourde de conséquences !
– 20% de la monnaie nouvelle pour suivre l’accroissement des échanges est créée par l’outil commun mutualisé des banques (et non comme on le croit souvent des gouvernements) que l’on appelle les Banques centrales.
– 80 % de la monnaie nouvelle est créée par les banques privées à partir d’un fond propre (issu de la banque centrale ) souvent inférieur à 8% de l’argent prêté ! 
La création monétaire devient par l’écriture numérique  cette création de ligne de crédit en faveur d’un emprunteur qui sera détruite au terme de son remboursement ! Seul l’argent du Capital est créé (à partir de rien ou presque) puis détruit, l’argent des intérêts demandés (à rembourser avant celui du capital) est à aller chercher dans la poche de ses concurrents !  
La conséquence d’une telle mutation dans la création monétaire qui échappe intégralement au pouvoir du Politique (décision du 4 janvier 1973 pour la France avec Giscard et Pompidou, 1983 pour l’Europe) est que sans nouveaux emprunteurs pour de l’ « argent crédit » le mouvement d’enrichissement par les intérêts s’arrête pour les banquiers !
La croissance quantitative est au cœur de la survie des banquiers ! elle est en quelque sorte (génétiquement?) inscrite dans l’ADN de la nouvelle création monétaire depuis les années 1970 reliant les banques centrales et les banques privées, interdisant aux Etats de s’approvisionner directement aux banques centrales.
 La gravité de la crise permettrait l’exception ?  le président Obama vient exceptionnellement d’emprunter un milliards de dollars à la Banque centrale américaine au taux de 0,01% comme les gouvernements européens viennent exceptionnellement de le faire pour un milliard d’euros à 1% d’intérêt ! Pour sauver les banquiers privés ?
Francois Morin , chercheur sur la monnaie , explique que 97 % de la masse monétaire ne correspond plus à de l’échange de biens et de services. La peur d’un effondrement en effet domino (crise de confiance de cet « argent crédit ou promesse démultipliée  » devenant tsunami?) est bien réel. Soit une disparition de ce que certains qualifient de « bulle monétaire » par cette dérive de la création monétaire abandonnée à une oligarchie bancaire depuis trente ans.
Pour revenir à l’alternative à la révolution de la table rase toujours violente ou à la guerre (solution pour les banquiers de fuite en avant en créant artificiellement de nouveaux emprunteurs?) en inventant  la métamorphose :
exprimons cette contradiction montante  entre « le besoin de Croissance » inscrite dans le processus même de création monétaire (privilège des banquiers ) qui prend la réduction du chômage comme argument !
et la remise en cause de cette même Croissance par la Conférence internationale sur le climat (GIEC) que Paris va accueillir en 2015 !
Par les rapports alarmistes sur l’irréversibilité des processus engagés par la Croissance globale, non seulement non partagée, mais génératrice d’une hausse des températures de 2,7° à 4, 2 d’ici 2050 , nous savons que cet événement international sera  pour l’avenir des humains, dans une petite planète qu’ils ne quitteront pas avant longtemps,  plus important que celui des Jeux Olympiques ( stimulateur de déséquilibre et de croissance ? )  ou des rencontres du G20 !
 L’année 2015, où les projecteurs de télévisions du Monde se tourneront vers la France , peut- elle devenir l’année de lancement du concept de Métamorphose ?
L’année 2015 pourra t-elle être le point de départ d’une idée « improbable mais possible » , comme la métamorphose,  de création monétaire détournée de ses tentations historiques de violences destructrices par les révolutions sanglantes ou une troisième  guerre mondiale impossible par sa force destructrice démultipliée par le nucléaire ,
pour la mettre au service de la réduction de l’effet de serre et de la transition énergétique (de l’après pétrole) ?
 Une création monétaire pour choisir avec le GIEC quelques grands chantiers Globaux fédérateurs couplés à des chantiers locaux territoriaux émanant de chaque écosystème physique et humain . 
Soit une sorte de plan Marshall ou de  New Deal rendant chacun, par des échanges non marchands ou marchands, co-acteur de l’invention de nouveaux vivre ensemble !

Pas de nouveau plan concerté de coopération global/local, plutôt que de compétition, sans un nouveau système de confiance !

 Pour détourner la création monétaire actuellement enfermée dans l’ « économie de l’offre » : avec son credo « compétitivité, croissance, emploi » et ses issues de violence et l’orienter vers un nouveau projet Global-territorial de transition énergétique et de limitation de l’effet de serre,

  il faut créer un

« nouveau système de confiance qu’est fondamentalement  un système monétaire » quel qu’il soit !

La Conférence internationale sur le climat à Paris, un chemin à ouvrir pour

« la métamorphose, c’est maintenant » avec une nouvelle donne de la pensée ?

Un débat-dialogue politique en 2015 à Paris Conférence internationale sur le climat  avec le  groupe de chercheurs et scientifiques du GIEC comme catalyseur (tiers neutre et non partisan),
ne pourrait-il pas être prolongé , avec ce même GIEC, par une véritable :
 « Conférence de citoyenneté » avec des citoyens de différents pays invités pour l’occasion, et largement médiatisée par des télévisions du monde entier ?
Soit  créer ainsi ce nouveau climat de confiance nécessaire à cette nouvelle réorientation et compréhension de la création monétaire, non plus au service de la croissance pour la croissance ,
 mais au service de la qualité de vie et du bien être co-inventé localement  pour  le réajuster à son environnement de proximité.
Parce que nous voyons déjà que la société civile est et sera la première victime touchée  par les dégâts physiques et humains des évolutions climatiques et énergétiques, une telle conférence de citoyenneté parait justifiée .
Sans société civile il n’y aura pas de « métamorphose , alternative à l’effondrement », pour reprendre les propos d’Edgard Morin ,
Faisons de cette métamorphose, de sobriété heureuse plus que de croissance rarement partagée,
une démarche participative riche en créativité, en emploi, en épanouissement personnel, mais économe en énergie fossile et en émission de CO2.

Les trois conditions pour recréer la confiance

D’un point de vue psychosociologique, voir philosophique, la restauration d’un système de confiance nécessite à mon sens (par expérience ?)  trois conditions pour celui qui écoute des « vérités nouvelles »  avec un petit « v »  et non une majuscule, quand on pense comme moi que les «  vérités » sont davantage des constructions collectives toujours provisoires adaptées à une situation donnée, que des vérités universelles et permanentes.
Trois conditions pour dépasser la peur ou la méfiance du changement devenant mutation :
1- le sentiment de cohérence et de sens de ce qui est proposé ici au regard d’une relecture signifiante du passé et de ses impasses .
Les écrits ci dessus, volontairement courts, évidemment incomplets que le  débat peut enrichir encore ,  peuvent-ils remplir cette première condition ?  Il manque donc encore deux conditions que je propose maintenant dans la suite de ce texte
2- le sentiment qu’un premier chemin concret, pragmatique, avec les ressources déjà disponibles,  peut être ouvert, dont les résultats rapides confirmeront le bien fondé de la première condition .
Nous appellerons cette troisième condition concrète, réaliste, immédiatement démonstrative de l’inversion de l’économie de l’offre en économie de la demande :

l’esprit de Roosevelt appliqué au territoire de l’Aude !

Soit comment additionner des problèmes existants pour trouver des solutions de manière transversale et intégrée.
3- A partir de cet exemple territorial concret , montrer comment chaque territoire peut réinventer singulièrement cette démarche « Nouvelle donne » de la pensée  , de manière d ‘autant plus rapide qu’au niveau Global le pouvoir politique s’emparera et s’appropriera  la triple dimension de la Métamorphose.
Cette Triple dimension  de la Métamorphose, après le détour de l’esprit de Roosevelt appliqué au territoire de l’Aude, sera ma conclusion de ce texte avant d’être le sujet d’un  débat possible à la hauteur des enjeux de la métamorphose  après la conférence internationale sur le climat de 2015 à Paris suivi de sa  « conférence de citoyenneté » pour amplifier son effet médiatique, si nous le voulons.
Cette conclusion ,après le détour sur le terrain de l’Aude, abordera  la synergie entre trois types de métamorphose qui supposent des décisions politiques amplificatrices de l’exemple décrit dans l’Aude pour réinventer des économies territoriales adaptées à la crise écologique.
        –    la métamorphose  appliquée à la création monétaire au service du bien commun
–        la métamorphose appliquée au travail, transformé en activité choisie ou œuvre, que permettra la mise en place adaptée à chaque région  d’un revenu d’existence inconditionnel,
–        la métamorphose appliquée à l’économie territoriale par l’invention d’une économie plus circulaire qui « relocalise,répare,  recycle » pour accroître le cycle de vie des marchandises en réponse à la crise écologique. Les Monnaies locales complémentaires , nous le verrons , s’inscrivent dans cette démarche.

 II- L’esprit de Roosevelt appliqué au territoire de l’Aude ?

Un autre type de croissance que celle des filières et des catégories, un nouveau mode de pensée (New Deal?) pour trouver des solutions en reliant et en intégrant transversalement ce qui isolément faisait  problème !
Nous sommes en 2024
Les 14000 hectares de vignes arrachées dans la Narbonnaise et autant dans le Minervois avant 2014 pour moitié avec des primes de l’Europe (3000€/ha), sont maintenant semées chaque année avec plusieurs variétés de céréales rustiques sans besoin de produits de traitements, dont la Touzelle que connaissent bien encore nos anciens.
La Scop (coopérative agricole et de service ) issue de l’association Arbre et Paysage de l’Aude, créée en Mars 2014 à Bages, avait investi dans l’achat d’un semoir d’un nouveau type spécialisé dans le semis direct sous couvert végétal. Ainsi plus de terres à nu l’hiver pour limiter l’érosion des sols et la poldérisation des étangs ! Faire propre ne voulait plus dire chez les agriculteurs labourer le  sol !
Les propriétaires des friches ressemées n’ont rien eu à payer. La Scop payait les impôts fonciers en échange de la récolte de grain. Cette production nouvelle de céréales sans produits de traitements  a eu pour principal débouché la fabrication  d’aliments pour poisson dans la zone artisanale de Port la Nouvelle. La recherche appliquée conjointe de l’INRA de Saint Pé sur Nivelle et de l’Ifremer de Palavas avait eu pour résultat de réduire considérablement la part de farine de poisson (déchets de chalut) dans la nourriture des daurades, loups et truites de mer élevés depuis 2018 dans des cages flottantes de 1000 m3 en haute mer à 13 km des cotes de Gruissan et de Port la Nouvelle.
C’est de ces deux ports qu’étaient partie la mise en œuvre d’éoliennes flottantes (qui coûtaient deux fois moins cher que les éoliennes fixes de la mer du Nord, toutes fabriquées par des entreprises de Béziers (Ideol) et Narbonne. Elles s’étaient inspirées des éoliennes flottantes  du projet Nénuphare installées au large de Marseille en 2015. Inventées par deux ingénieurs de l’aéronautique en 2012 elles avaient la caractéristique d’être à axe verticale, donc plus facile à mettre en œuvre et à entretenir, donc moins chères ! Une révolution dans les éoliennes marines, et un prototype à 2 MW avait fait parler de lui, promu par EDF .
Positionnées à 13 km des cotes,  cela avait été un beau chantier pour tous les clubs de plongée sous marine d’amarrer ces éoliennes ( 500 MW en 2020) à des récifs artificiels à 40 mètres de profondeur en utilisant le protocole des japonais, approprié par des jeunes de l’école d’aquaculteurs de Mèze, qui démontrait  ainsi que l’on pouvait repeupler la mer longtemps appauvrie par la surpêche.
Les câbles qui reliaient les éoliennes aux récifs artificiels (véritables maternités d’animaux marins) ne servaient pas seulement de rampes d’accrochage aux cages d’aquaculture mobiles pour s’adapter aux tempêtes, mais elles servaient aussi de rampes de naissains pour les moules, les huîtres et autres coquillages affinés ensuite en étang;
Entre les entreprises locales, les clubs sportifs locaux, et les chercheurs …cela avait été une belle aventure ! Une aventure célébrée en Juillet 2020 par des sportifs de renom de la haute mer invités par les 17 laboratoires d’océanographie et de biologie marine de l’université, du CNRS, de l’Ifremer, qui avaient commencé à échanger sur ces idées en 2006 à Sète ! Au centre de tous les regards :  une nouvelle manière de « grouper » des éolienne-hydroliennes flottantes par groupe de six, pour associer à la fonction énergétique des fonctions économiques d’aquaculture, de loisirs (restaurants et refuges en mer à 13 mètres au dessus des vagues ! ) , sportives pour un suivi scientifique et ludique sous l’eau des récifs artificiels, des hydrauliennes pour améliorer encore les résultats de la production d’algues, des cages à poissons et coquillages. Les performances scientifiques et techniques de ces « grappes d’éoliennes », différentes de ceux de la mer du nord qui ressemblaient plus à d’immenses champs de céréales à la fonction unique de produire et transférer de l’énergie, avaient été pensées pour s’adapter à la plupart des zones côtières en condition de plateau continental (moins de 50 mètres de fond).
Le Languedoc Roussillon, après fusion avec la région Paca, s’étaient donné pour défi de réaliser autant de recettes à l’export avec la mer que le faisait Midi Pyrénées avec l’air et son AirBus !
Ce qu’avait remarqué la presse étrangère venue à l’inauguration, c’était la capacité de ces «  Eole-marines  » hybrides à abriter des fonctions éducatives et touristiques qui avait permis à une nouvelle génération de jeunes à se réapproprier la mer  !

        La façade maritime méditerranéenne voulait ainsi apporter sa contribution aux nouvelles ambitions de la France se découvrant par sa superficie deuxième nation maritime du monde !

A terre, les mutations apportées par l’esprit de Roosevelt sur un nouveau type d’échange économique, n’avaient pas été moins importantes pour requalifier les sols et les productions vers plus de souveraineté-sécurité alimentaire.
Rappelez vous en 2014 ! Après les rencontres de l’Agroforesterie de la Narbonnaise qui avaient réuni l’année précédente environ 700 personnes, avait été créée l’association «  Arbres et paysages » de l’Aude. Les écarts climatiques « inondations » et « incendies » nécessitaient d’aller au delà des réponses curatives comme l’emploi de 1800 bénévoles veilleurs d’incendies, comme les ouvrages d’art en béton pour évacuer les eaux au détriment des communes en aval….
Soixante dix kilomètres de haies essentiellement fruitières, installées par année par des jeunes en reprenant les savoirs faire acquis par le département du Gers le long des ruisseaux, des fossés de drainage et des parcelles, commençaient à remplir leur rôle d’ « amortisseur climatique », de revitalisation de la vie biologique des sols des vignes arrachées tout en transformant qualitativement le paysage.
Il n’en devenait que plus attractif pour les touristes et les retraités (souvent venus d’ailleurs)qui avec une viticulture de qualité faisaient les trois piliers de l’économie locale !
En 2015, année d’aggravation du pouvoir d’achat, les propriétaires fonciers la plupart âgés  ne furent pas difficiles à convaincre par les militants de l’association « Arbre et Paysage de l’Aude » de planter des arbres  pour enrichir leurs descendants ! D’autant que le marché était attractif, les plants étant fournis par la pépinière du conseil général,  il n’y avait que le travail des jeunes à payer!
Sans jeunesse,  pas de territoires vivants et accueillants !
Le pouvoir politique local ne mit pas longtemps à comprendre que cet «  ennarbrement » raisonné de son territoire pouvait être amplifié si on autorisait les jeunes ( massivement au chômage) à auto éco construire partiellement leur maison (pour en réduire le coût) sur des terrains loués avec des baux de 77 ans et préalablement achetés par les Communautés de communes.
En 2020 une commune rurale sur trois dans l’Aude avait mis en place un ecohameau environnemental (souvent dans le prolongement d’une ZAD vide) pour accompagner cette mutation de l’agriculture vers l’après pétrole bon marché. Les « ecohameaux environnementaux » existaient pourtant déjà dans la loi du Littoral , mais on ne s’en était pas aperçu , tant tout l’effort collectif était tourné vers la spéculation immobilière sous le soleil.
Des loyers de 50€/mois, au lieu de 600€/mois, pour ces futurs nouveaux paysans investis autant dans la production maraîchère en circuits courts de vente, que dans l’entretien des paysages (agroforesterie) avaient joué un rôle moteur au service de cette nouvelle économie de plus en plus circulaire sur les territoires. Le politique avait compris aussi rapidement combien ces ecohameaux environnementaux pouvaient servir d’accueil intermédiaire pour les retraités qui avaient besoin de trouver un logement plus adapté que leur maison de village devenue trop grande avant l’accueil dans une maison de retraite au moment de la grande dépendance. Cette « mobilité résidentielle des retraités », vocabulaire employé par les experts,  qui gardaient ainsi leurs amis sur leur commune, avait pour mérite de créer de nouveaux chantiers de réhabilitations pour la location ou la vente à des touristes. Soit des emplois pour les nouveaux eco artisans qui, au lieu des zones artisanales d’autrefois, avaient préféré les ecohameaux intergénérationnels !
Dans une journée bilan en 2024 à l’Hôtel de Région, un élu responsable du tourisme de l’Aude avait affirmé que cette mutation du territoire de l’Aude avait gagné en renommée extérieure parce qu’il portait en lui la promotion  d’un nouveau modèle alimentaire, réputé le moins cancérigène des pays industrialisés, centré sur :
«  les fruits et légumes sans pesticides reconquis sur la vigne grâce à l’agroforesterie, sur le poisson en haute mer et ses coquillages affinés en étang, sur son pain à la Touselle , complété du « verre de Richelieu » soit un ballon de vin rouge de qualité une fois par jour pour vivre vieux » !
Il s’était félicité de voir combien la mutation de la  production agricole audoise vers le modèle alimentaire emprunté aux Crétois (parce que le moins cancérigène du monde avait établi en l’an 2000 une étude du professeur Joyeux de Montpellier) avait eu aussi un effet qualitatif et esthétique reconnu sur les paysages entre mer et montagne .
En conclusion il salua le grand tournant impulsé par la Conférence internationale sur le climat en 2015 à Paris,  médiatisé par la conférence de citoyenneté qui l’avait suivie, traduit en toutes les langues !

III- La triple métamorphose

de la création  de la monnaie, du travail et des territoires

 Le contexte de la conférence internationale sur le climat à Paris et la peur de l’éclatement de l’Europe
 En 2014 l’abstention aux élections municipales puis européennes était en France à son record historique. Avec le fléau du chômage qui n’avait pas cessé d’augmenter depuis le président Pompidou, alors que chaque nouveau président disait toujours publiquement  « que c’était sa première priorité », avec l’aggravation de l’accès à un logement qui prenait une part toujours croissante dans le budget des ménages par déséquilibre entre l’offre et la demande aggravant ce que l’on appelle «  le reste à vivre » après avoir dépensé les charges fixes incompressibles ( toutes les promesses de 500 000 logements /an, depuis des années ne dépassaient pas la moitié!), le désamour des français pour la politique face à son impuissance était en 2014 à son comble.
L’impuissance du Politique, l’arrogance des plus riches, la pauvreté se transformant en misère, engendrait un ressenti de trahison pour les uns, une envie de rupture pour les autres. Soixante pour cent d’abstention aux élections,  ne signifiait pas pour autant un désaveu de la chose publique (Res Publica). Une enquête qualitative menée sur 100 000 personnes avait identifié un comportement nouveau sortant du clivage droite /gauche classique, de personnes méfiantes vis à vis des institutions, fortement impliquées dans leur réseau de proximité ou dans la vie associative, aux sensibilités plus féminines que masculines, choisissant des modes de vie plus proche de la nature et donc sensibles aux défis écologiques. On  nomma ces 27% de la population aux USA, et 17% en France en 2005, mais sur une autre répartition, difficiles à mettre dans une case, du nom de « créatifs culturels » avec de nombreux sous ensembles. Étaient-ils les acteurs (inconscients?) d’une révolution culturelle silencieuse, difficilement perceptible par les médias du spectacle, d’une révolution invisible de « la manière de voir le monde et de se comprendre, par des actes simples,  comme faisant partie du monde ?  ». Des artisans de changement des formes, de métamorphoses ?
A l’autre extrémité de la société se réunissaient des hommes de pouvoir inquiets de l’avenir avec des experts et des chercheurs en propective de manière informelle et discrète sur le thème «  le Capitalisme de marché, qui a besoin de créer de la rareté pour continuer son processus d’accumulation et engendrer de la croissance , peut- il se passer de la guerre ? » A la destruction créatrice pour les uns ou aux combats par innovation technologique qui détruit les outils de production de l’adversaire (comme une bombe à neutron) sans tuer les hommes (qui deviennent chômeurs), doit -on prolonger le combat par une catharsis plus violente pour les humains qu’est la guerre ? Laquelle guerre recrée les conditions de la croissance avec une économie de l’offre pour reconstruire pour au moins 80 ans ?
Ces réunions mettaient en évidence une  situation historique inédite par rapport aux précédents effondrements de la société de marché  1830, 1930, contrairement aux sujets abordés par les médias qui cherchent plutôt des analogies et des comparaisons pour distraire et fidéliser son public.
Avec 8000 ogives nucléaires pour détruire des centaines de fois les humains et une grande partie de la vie, il fallait trouver des solutions inédites pour contredire enfin la phrase célèbre de Jean Jaures  « Le Capitalisme de marché porte en lui la guerre comme  l’orage contient en lui la foudre  »
Quand le doute s’empare des extrêmes de la société, « l’improbable mais possible métamorphose » invoquée par Edgard Morin peut elle advenir ?

Dans ce contexte arriva la conférence internationale sur le climat à Paris en 2015.

Bien que réunion internationale, cette réunion eu le mérite de mettre le politique en face des lourdes conséquences de l’inaction à l’échelle de ceux que réalisaient autrefois les guerres partielles !
Les politiques de l’Europe, plus présents que les autres,  y virent deux opportunités inédites :
sauver l’Europe au bord de l’éclatement par deux actions « à forte valeurs consensuelles et unitaires » auprès des populations perplexes:
1- la mutation de l’agriculture vers l’après pétrole pour reconquérir chacun plus de « souveraineté-sécurité alimentaire  face aux aléas climatiques  et contribuer à la « transition énergétique vers des énergies non fossiles », pouvait avoir valeur d’exemple et de rassemblement plus équitable pour les territoires européens que ne l’avait été l’agriculture pétrolière et productiviste qui avait surtout profité à la France !
2- la création d’une Europe Sociale, en mettant en place une solution systémique inédite : le revenu de base inconditionnel appelé aussi le revenu de citoyenneté.
Ces deux idées unitaires, financées par la création monétaire essentiellement, s’avéraient par leur contenu être deux réponses intelligentes pour la transition énergétique et climatique en même temps que pour sauver l’Europe au bord de l’éclatement ! Les banquiers avaient redouté dans cet éclatement une renationalisation suivi d’une guerre des dévaluations, sans autre vision que de  voler des emplois aux pays voisins !
Bien sur, on parla aussi des paradis fiscaux et de la taxation des plus riches qui par leur seule rente se voyaient devenir malgré eux toujours de plus en plus riches, non seulement pour réduire les records historiques des inégalités, comme l’avait fait Roosevelt dans les années 1930, mais pour montrer combien ces inégalités n’amélioraient pas non plus (à part quelques exceptions)  la prise en compte du défi écologique  ! Des propositions furent émises  dans ce sens pour les présenter à un nouveau G20 élargi.
Mais les deux idées « mutation de l’agriculture et des territoires et Europe sociale  avec le revenu de base » (qui avaient des ponts entre elles, comme le montrait l’exemple de l’Aude)   furent les deux idées phares  les plus médiatisées par les « conférences de citoyenneté » à l’issue de la conférence sur le climat  à Paris avec le GIEC.
Le Parlement Européen fit alors pression sur la Banque Centrale Européenne et obtint  la création de deux emprunts à taux zéro ( après négociation sur le 0,001% qu’avait obtenu pour la même somme le président Obama ) à la hauteur d’une sorte de plan Marshall Global/local, alternatif à l’effet d’une  guerre  :
            Mille milliard d’euros pour aider chaque pays à monter, territoire par territoire, une stratégie de transition énergétique et climatique combinée avec une mutation de l’agriculture pétrolière vers une agriculture d’un nouveau type réclamant davantage des qualités de jardinier que d’entrepreneur.
Soit une agriculture de reconquête par grandes régions des « souveraineté -sécurité alimentaire » en installant des jeunes en agriculture « hors cadre familial » de plus en plus attirés par un choix de vie en milieu rural. Les bâtiments des exploitations agricoles ayant souvent été vendus à des retraités venus d’ailleurs, la solution de petits hameaux de maisons bioclimatiques partiellement auto construits et intergénérationnels fut un atout indéniable de cette renaissance d’une agriculture riche de nouvelles pratiques et savoirs faire. Grace à ces hameaux au service de la requalification des territoires, comme les zones artisanales avaient accompagné la société industrielle, on retrouvait l’intérêt de la fonction intergénérationnelle comme autre fois dans l’agriculture paysanne !
Le grand emprunt à taux zéro finança aussi des grands chantiers de  « réenarbrement » des paysages (agroforesterie) pour restaurer la vie organique et biologique des sols. Ils furent l’occasion de chantiers d’échange entre jeunes européens avant même les échanges entre les étudiants des universités , combinant l’activité physique le matin , la culture et les loisirs l’après midi. Les jeunes des classes primaires ne furent pas de reste , apprenant par la méthode (Emmanuel Rolland) de semis d’arbres en milieu aride (aridiculture) à  participer à cet effort d’agroforesterie pour réduire les aléas climatiques et accroître la biodiversité. L’Europe sociale grâce à la mutation de l’agriculture pouvait se construire ainsi dès l’adolescence !
La moitié du budget européen étant déjà dédié à l’agriculture déjà très administrée , cette  proposition d’un plan Marshall agricole pour la mutation de l’agriculture n’eut pas de mal à être bien accueillie, après les conférences de citoyenneté,  par les régions rurales européennes bien sur, mais aussi par tous ceux qui redoutaient avec le fort taux d’abstention à toutes les élections notamment dans les campagnes, la victoire des partis politiques nationalistes partisans de l’éclatement de l’Europe !
Les pro européens saisirent cette occasion du climat pour diffuser par des conférences de citoyenneté, pays par pays, cette nouvelle alliance entre la mutation de l’agriculture, l’évolution des paysages (agroforesterie), et des modes d’alimentation. D’autant que cette première action allait trouver des synergies avec la deuxième mesure phare de l’Europe sociale !
            Un deuxième mille milliard d’euros d’emprunt à taux zéro pour enfin créer une Europe sociale tant désirée, qui aurait du être un préalable ou conjointe à une Europe économique,  disaient tous les commentateurs commentant la guerre économique intra-européenne à coup de dumping social !
La mesure phare de cette Europe sociale pour éviter son éclatement fut la création , pays par pays, d’un revenu inconditionnel d’existence ou revenu de base ou de citoyenneté, permettant :
non seulement d’éradiquer la misère, d’être un puissant moteur de partage volontaire du travail (pour 30% des salariés qui le souhaitaient spontanément en échange d’un revenu d’existence) , mais surtout pour  libérer- impulser des activités de type social, culturel, écologique à finalités non marchandes, que certains appelaient l’économie sociale et solidaire.
Ce revenu de base ou de citoyenneté fut « la première idée politique positive du 21 ème siècle » affirmaient certains tout en citant son auteur  Thomas Paine , théoricien de la révolution américaine en 1792 !
Cette idée qui avait fait l’objet d’une ICE (initiative citoyenne européenne) du 14 janvier  2013 au 14 janvier 2014  récoltant à travers l’Europe 276 000 signatures contrôlées, fut l’événement le plus actif sur la Métamorphose individuelle et collective déclenché par les peurs des prévisions alarmistes du GIEC sur l’évolution du Climat !
Le revenu d’existence permit  à chacun de devenir acteur de son cadre de vie et sa qualité de vie compatible avec les exigences de la crise écologique (énergétique, climatique et biodiversité) , mais il permit aussi de dépasser les contradictions d’une société à forte productivité du travail sur la production d’objets (donc destructrice d’emplois) pour muter vers  une société d’information, de relation, de services et de connaissance permettant à chacun de trouver plus facilement sa place comme l’avait exprimé Roosevelt(nous l’avons dit) en 1944 à Bretton Woods !.
La création monétaire permit de financer un tiers des revenus de base , adaptés à chaque pays européen , le deuxième tiers fut obtenu par simplification de la redistribution (il fallait dépenser cinq euros pour en donner un à un pauvre par constitution d’un dossier, lequel pauvre devant  donner des preuves de sa pauvreté préférait une fois sur deux ne rien demander par dignité , avant l’instauration du revenu de base inconditionnel).Pour la France cette simplification administrative de la redistribution permettait déjà de distribuer à chaque citoyen 350 euros par mois !
Le troisième tiers du financement des revenus de base inconditionnels pour tous fut un prélèvement mutualisé sur les productions locales à travers les monnaies locales complémentaires de type fondantes accélérant ainsi leur vitesse de circulation plutôt que leur thésaurisation. Ainsi le revenu de base payé pour un tiers en monnaie locale participait à stimuler une économie circulaire du «  recycler, relocaliser, réparer » qui allongeait le cycle de vie des marchandises alors que la « compétitivité, croissance, emploi » bréviaire  de l’économie de l’offre n’avait eu de cesse que de développer sans le dire l’ « obsolescence programmée des marchandises » au détriment du climat !
Le slogan du revenu de base à travers l’Europe avait été : «  le plein emploi c’est fini, faisons en une bonne nouvelle ! » et « devenons une société de pleine activité, créativité et reconnaissance réciproque », «  ne perdons plus notre vie à vouloir la gagner », «  apprenons à vivre simplement pour que d’autres puissent simplement vivre » et dans toutes les bouches ; «  Réussir sa vie c’est mieux que réussir dans la vie ! » C’était la vraie dimension de la métamorphose !
S’il avait fallu quelques mesures d’accompagnement au revenu de base (notamment pour éviter une augmentation rapide des loyers), les effets indirects positifs furent, chemin faisant, plus nombreux que les effets non désirés. Apprendre à plusieurs à construire son logement pour se construire soi même, fut un effet positif inattendu du revenu de base qui vit se démultiplier l’habitat bioclimatique et participatif en autopromotion. Ce que les ministres du logement n’étaient pas arrivés à réaliser, la société civile réussit à le faire en moins de dix ans ! Ce rééquilibrage de l’offre de logement sur la demande, permis aux loyers des français de rejoindre celui des allemands ! Par exemple 280€/mois pour un 70  m2 de loyer en moins, c’est un reste à vivre en plus qui se rajoute au revenu de base pour choisir plutôt que subir  sa vie ! Combien d’enfants préfèrent s’occuper de leurs vieux parents grâce à la souplesse du revenu de base alors que 15 millions de retraités en face de 740 000 places en maison de retraite aux tarifs minimum de 2100€ par mois était devenu en France un problème sociétal aussi sérieux que le « mal logement » (trois millions de mal logés) décrié tous les deux ans par les rapports de la fondation Abbé Pierre.
L’impact du revenu de base fut  une vraie métamorphose au point qu’il ne fallut pas deux générations pour que les enfants demandent à leur professeur à l’école ce que voulait dire «  chômeur » du temps de leurs grands parents !
Le rôle de l’Europe fut majeur aussi pour se servir du revenu de base pour négocier avec les pays d’où partaient les migrants économiques et climatiques, un compromis gagnant/gagnant stoppant ces grandes migrations devenues partout un problème de sécurité !
On n’aurait jamais cru cette propriété du revenu de base à sa création !
A la conférence internationale suivante sur le changement climatique en 2020 cette fois aux États Unis, les désastres de tempêtes, d’inondations, d’incendies après sécheresse, d’épidémies , d’émissions de méthane issu du dégel d’immenses surfaces  (permafrost) du à un réchauffement climatique tel que prévu par le GIEC en 2015 ( plus 2° à 4°) furent   d’une telle ampleur… que de nombreux pays prirent exemple sur l’expérience pionnière de l’Europe ayant amorcé une métamorphose grâce à une nouvelle compréhension intelligente de la création des monnaies tant globales que des monnaies locales complémentaires ! A quand un atelier entre les acteurs de la terre et de la mer dans l’Aude ?
Francois Plassard  11440 Peyriac de Mer, ingénieur agronome, docteur en économie, chercheur en incomplétude
fplassar@gmail.com

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