Les conséquences écologiques de la guerre en Ukraine

Cela fait trois ans que l’Ukraine fait face à la Russie sur son territoire. Cette guerre qui dure dans le temps a engendré de multiples conséquences et notamment écologiques.
Un article de notre auteur Ben CRAMER : GUERRE ET PAIX ET ECOLOGIE dans RCF Radio

Ce lundi 24 février 2025 à Kiev, les dirigeants européens de 13 pays alliés se sont réunis lors d’un sommet de soutien à l’Ukraine, trois ans après le début de l’invasion russe. Ce conflit a des répercussions évidentes sur les populations, mais des impacts écologiques et environnementaux sur le territoire ukrainien sont aussi à observer.
Une politique de terres brûlées par les armes
“Le fait de recourir à des incendies est une façon aussi d’éliminer les possibilités pour les êtres humains d’être dans le vivant puisque les forêts, c’est aussi notre moyen de respirer”, s’alarme le chercheur Ben Cramer, spécialiste de l’étude scientifique de la guerre. En effet, selon un rapport d’une coalition d’experts ukrainiens, les incendies auraient doublé en Ukraine lors des 12 derniers mois et plus de 92.000 hectares ont été détruits par le feu en 2024.
Ce sont trois millions de forêts qui sont endommagées.
“La destruction et les politiques de terres brûlées sont des stratégies délibérées des envahisseurs qui se reproduisent aujourd’hui”, alerte le chercheur. Il rappelle également que “déclencher des feux de forêt porte atteinte à la biodiversité, d’autant que l’Ukraine représente entre 30 à 40 % de la biodiversité de l’Europe”. Et les gaz à effet de serre augmentent : une hausse de 30 % en un an a été observée à cause des combats et des explosions par les armes. “On ne se rend pas compte mais ce sont trois millions de forêts qui sont endommagées”, précise Ben Cramer. “On estime qu’ 1,24 million d’hectares de réserves naturelles ont été touchés” complète Pauline Boyer, ingénieure et activiste pour le climat à Greenpeace.
Un pression énergétique sur les habitants
Selon Greenpeace, le nucléaire est l’énergie qui rend le pays vulnérable, notamment à cause de l’augmentation des conflits autour des ressources naturelles.
“En Ukraine le réseau électrique devient un réseau de gruyère à cause des frappes russes. Ce sont les énergies renouvelables qui permettent encore d’avoir de l’électricité”, assure Pauline Boyer. L’activiste mentionne “qu’il y a une terreur nucléaire entretenue par la Russie et les habitants proches de la centrale de Zaporijia, qui commencent à partir, de peur de vivre un accident”.
Aujourd’hui des villages entiers manquent d’eau.
Et l’ONG soulève également la question de l’accès à l’eau potable, car dans la nuit du 6 juin 2023, le barrage de Kakhovka dans le sud de l’Ukraine et la centrale hydroélectrique attenante ont été détruits à la suite de plusieurs explosions. Cela a entraîné des inondations dans les communes alentour. “Aujourd’hui, des villages entiers manquent d’eau depuis la destruction du barrage de Kakhovka”, s’inquiète Pauline Boyer.
De lourdes conséquences sur l’environnement
Le 15 décembre dernier, le naufrage de navires pétroliers russes a déversé une immense marée noire dans le détroit de Kertch. Ce n’est pas la première, mais cela a provoqué des séquelles irréparables sur la biodiversité et l’environnement. “L’étendue de la marée noire n’est pas connue, mais une partie de la côte de la Crimée a été affectée. L’huile peut remonter à la surface quand l’eau se réchauffe en été”, signale Nickolaï Denisov, spécialiste en évaluation environnementale. Et cette marée noire engendre des victimes insoupçonnées. “Nous observons déjà beaucoup d’impacts sur les oiseaux, ils sont généralement les premières victimes de tels incidents. Des dauphins morts ont aussi été retrouvés, même si cela peut être lié ou non. Il y aura un impact sur la biodiversité, sur la pêche et sur le tourisme”, ajoute le spécialiste.
Nous devons mettre en place des actions et des solutions pour produire moins de gaz à effet de serre.
Malgré la guerre, le pays poursuit sa reconstruction. “Idéalement il faudrait que cela soit fait d’une façon qui respecte l’environnement et le climat”, assure Nickolaï Denisov. Il faut ainsi penser au futur de façon durable. “Nous devons mettre en place des actions et des solutions pour produire moins de gaz à effet de serre et éviter ce qui cause des dommages à l’environnement”, conclut-il.
Commentaires récents