Le 8 décembre, journée mondiale du climat: et les armées ?…
A l’heure de l’anthropocène, quelle est l’institution qui nous a placés, nous humains, sur le chemin de l’abime climatique ? A l’horizon de COP 21, prévu à Paris dans 12 mois, alors que tant d’experts voudraient faire croire que c’est une affaire d’écologie et non pas de polémologie, de diplomatie environnementale et non pas de rapports de forces géopolitiques, de petits malins comme un certain Ben Cramer (avec son canif de poche helvétique et son écharpe mauve autour du cou) insinue dans GUERRE ET PAIX… ET ECOLOGIE que:
a) 10% des émissions de carbone annuelles à l’échelle globale (au moins) proviennent uniquement des activités militaires (l’auteur est disposé à détailler ces chiffres que le GIEC préfère occulter)
- b) Plus de 1% de la surface terrestre (soit davantage que la superficie de la France) est squattée (Cramer dit « condamnée ») par les camps d’entraînement militaire et ces km2 sont réservés exclusivement au maniement des armes, y compris en temps de paix
Parvenir à faire suffoquer la planète avec ces 2 chiffres mérite qu’on s’y arrête un peu.
- c) Si les Etats riches portent une responsabilité certaine dans le chaos climatique, les plus militaristes, ceux qui s’accaparent le plus de ‘théâtres d’opérations’ sur la planète méritent une mention spéciale dans l’inspection des dégâts : après tout, le 1/3 des pays les « plus riches » est responsable de la moitié des guerres au 20ème siècle. Américains et Britanniques le savent bien. Evitons donc de mettre tous les artisans de la destruction dans le même panier. Ceux qui manient la guérilla aux 4 coins du monde ne disposent pas de chars qui consument 400 litres aux 100 ! d) S’il y a encore une opposition à taxer le carburant pour les avions/aéronefs, ceci renvoie aux décisions prises par la Convention de Chicago (OACI) qui a été codifiée en 1944 pour développer ce moyen de transport civil dans le cadre de la « sortie » de la Deuxième Guerre mondiale.
Tandis que la vague verte est sur tous les fronts, l’arbre climatique cache la forêt des conflits armés. Ben oui !
https://www.athena21.org/securite-ecologique
De nouvelles ‘guerres sales’ vont animer nos écrans, agiter, perturber et pourrir la planète, alimenter le marché de la peur. La guerre propre ne s’éloigne pas : elle n’a jamais existé. On ne peut pas militariser proprement la planète. Ce n’est pas une affaire d’éco-gestes. Après Hiroshima, la formule à retenir n’est pas « détruire, disent-ils », mais plutôt « détruire durablement, disent-ils»
Le thème “Guerres, paix & écologie” est-il suffisamment exploré ?
Avec la mobilisation sur « la clim », le politiquement correct consiste à dissocier la dégradation environnementale et la militarisation du monde. Et pourtant ? Pourquoi traverser tant de zones de turbulences amnésiques ?
La militarisation, ennemi public no 1 de la démocratie, est aussi l’ennemi de la sauvegarde de la qualité de la vie et — venons-en à l’essentiel ! — de la vie tout court. Tant que les neuf puissances dotées d’armes nucléaires sont capables de débloquer en 24 heures, juste pour maintenir en état et moderniser leurs arsenaux, l’équivalent de ce que le PNUE dépense en un an, les financements pour éviter la fonte des banquises seront toujours difficiles à trouver.
Pour info en anglais / summary in english
https://www.athena21.org/in-english/132-ben-s-latest-book-on-war-peace-and-ecology
A l’heure de la célébration de cette journée mondiale,
Tâchons de ne pas oublier que :
- La dimension militaire est exclue du Protocole de Kyoto
- La France n’a pas signé encore moins ratifié la Convention ENMOD
- Un Etat qui vit au dessus de ses moyens’ vit aussi et surtout au-dessus de ses moyens militaires.
- La paix est l’angle mort du Global Compact, tout comme des Objectifs du Millénaire pour le Développement.
GUERRE ET PAIX… ET ÉCOLOGIE
Les risques de militarisation durable
Ben CRAMER, Préface : Alain Joxe
Collection : Société civile 13 €
La militarisation du monde est la cause principale de la détérioration de nos environnements, sur terre, en mer et dans l’espace. Notre planète, qui mérite des soins intensifs, est de plus en plus abîmée par ceux-là mêmes qui s’en font les défenseurs auto-proclamés : les forces armées.
Limiter les dégâts des armes de tout calibre. Contrer la démesure, dans la répartition internationale de la menace de mort du complexe militaro-industriel, un complexe qui détourne nos ressources vitales, accapare nos territoires et militarise nos esprits. Intégrer le mot d’ordre de « Halte à la Croissance » dans le domaine de l’armement, à une époque où les écosystèmes sont victimes de reconfigurations stratégiques sur fond de dérèglement et manipulation climatiques. Concevoir la sécurité écologique en neutralisant la nocivité des préparatifs de guerre en temps de paix. Tout cela dépendra de la façon dont agiront en tandem écologistes et pacifistes, sans chercher à savoir qui est le mieux placé ou le mieux armé pour « sauver » la planète.
Penser l’écologie, c’est mieux évaluer jusqu’à quel point la crise écologique – y compris l’urgence climatique – est liée au déficit des exigences de paix.
L’AUTEUR
Ben Cramer, initié à la polémologie, a co-animé en 2008 le premier débat au Parlement européen sur le thème de « Sécurité Collective et Environnement ». Journaliste, chargé de recherches au CIRPES et au GRIP à Bruxelles, co-fondateur de Nautilus 21, ce petit-fils d’officier, théoricien de la stratégie navale des Pays-Bas, enseigne la géopolitique du développement durable à la Faculté des Sciences Sociales et Economiques de l’ICP à Paris.
Editions Yves MICHEL 5 Allée du Torrent 05000 GAP tél 04 92 65 52 26
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