Findus: oh, M. Le Foll, vous prétendez découvrir !…
Après la vache folle et le poulet à la dioxine, le cheval fol ? Un article de nos auteurs d’un prochain livre à paraître:
Le “toujours moins cher”: à quel prix ?
Dans les plats surgelés vendus en grandes surfaces, le bœuf français étant du cheval roumain, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a déclaré sur RTL : « Je découvre la complexité des circuits et de ce système de jeux de trading entre grossistes à l’échelle européenne ».
Stéphane Le Foll est bien le seul à découvrir aujourd’hui cette réalité !
Bornons-nous à rappeler au ministre inquiet qu’un rapport d’information déposé le 5 avril 2011 à la présidence du Sénat avait pointé une dégradation sensible de la rentabilité des industries agro-alimentaires. Attirons l’attention du ministre préoccupé sur la circonstance que la dégradation de la profitabilité d’un secteur conduit usuellement à la délocalisation des facteurs de production.
Précisément le recours à la production délocalisée de produits alimentaires est de longue date dénoncé : « La seule indication « agriculture UE et non UE » ne donne pas beaucoup d’informations sur l’origine des ingrédients. Le produit peut être transformé en France uniquement à partir d’ingrédients étrangers et portera la mention « fabriqué dans X région ». Le consommateur l’assimilera à un produit local, alors que tous ses composants viennent de l’étranger» (https://www.natura-sciences.com).
Rappelons à notre ministre étonné qu’Olivier Andrault, d’UFC-Que Choisir déplore depuis longtemps que l’agroalimentaire devienne « de plus en plus une industrie d’assemblage de produits venus du monde entier. Mais ça devient plus dangereux quand on se fournit dans des pays qui n’ont pas les mêmes règles sanitaires. Un projet de la Commission européenne, présenté en janvier et qui devait être examiné en séance plénière début 2009, prévoyait de rendre cette mention obligatoire mais « l’industrie agroalimentaire a fait jouer son lobby pour la gommer». Aucune des six sociétés agroalimentaires contactées par l’AFP n’a souhaité répondre à ses questions» affirmait à l’époque Olivier Andrault.
Et pour l’ensemble des Français, gardons en mémoire que, petit-fils d’agriculteur et titulaire lui-même d’un BTS agricole, Stéphane Le Foll, avant d’être nommé ministre de l’Agriculture suivait depuis 2004 les questions agricoles au Parlement européen au sein de la Commission de l’agriculture et du développement rural, et qu’en 2006, il avait crée avec Edgard Pisani et d’autres chercheurs un groupe de réflexion sur les politiques alimentaires et agricoles. Et pourtant il ignorait tout jusqu’à hier du fonctionnement d’un marché qu’il étudie depuis dix ans.
Est-il abracadabrantesque d’envisager la possibilité que la réaction outragée de Stéphane Le Foll soit purement et simplement du foutage de gueule ?
Les ministres français ont tour à tour échappé aux scandales de l’amiante, du sang contaminé ou encore de l’hormone de croissance… La présence dans les plats industriels d’antibiotiques pathogènes pour l’homme ne devrait pas nuire à la brillante carrière de notre ministre ruralo-stupéfait.
Pourtant, depuis de nombreuses années, tous les experts mettent en garde contre l’utilisation par l’élevage d’antibiotiques de quatrième génération. Cet usage massif (plus de 1 000 tonnes) conduit mécaniquement, par leur mutation, à créer des agents infectieux antibio-résistant, c’est-à-dire à terme à des agents pathogènes pour l’homme, résistant à tous les antibiotiques connus. Les conditions d’une pandémie par un agent résistant à tout traitement sont d’ores et déjà réunies.
Vincent Le Coq
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