Davos 2014: l'aveu "d'échec collectif" des oligarchies
Billet de l’association ATTAC en date du 21/01/2014
Les décideurs du monde entier se réunissent à Davos du 22 au 25 janvier, avec au programme la réflexion sur les « risques globaux »(1), sur la base d’un rapport alarmiste élaboré après consultation de plus de 700 experts et dirigeants mondiaux. En reconnaissant son « échec collectif », le sommet de Davos constate son impuissance face aux catastrophes annoncées, mais ne propose que la fuite en avant.
La classe de Davos, après avoir permis et accéléré le déchaînement conjoint des forces du marché et de la technoscience, découvre qu’elle ne maîtrise plus rien. Le rapport analyse de façon étrangement lucide la connexion des «risques globaux». Il reconnaît que les risques économiques, sociaux, écologiques, géopolitiques, sont interconnectés et susceptibles de déclencher à court ou moyen terme une défaillance systémique.
Les inégalités sociales sont devenues improductives et les luttes contre l’austérité en Europe sapent la confiance dans les institutions. Les protestations populaires dans les pays émergents indiquent l’épuisement de modèles prédateurs. Le chômage de masse risque de faire de la génération des jeunes ayant 20 ans en 2013 une génération perdue. Le changement climatique et les évènements météorologiques extrêmes pèsent sur l’économie. L’accès à l’eau risque d’être compromis pour une part grandissante de la population.
Klaus Schwab, l’organisateur de Davos, estime à raison que « cette situation est le résultat d’un échec collectif face à la façon de gérer les conséquences de la mondialisation ». Mais en dépit de toute son expérience, il espère encore que le forum de Davos permettra aux dirigeants du monde de trouver « les réponses aux tremblements de terre qui nous attendent »(2). Des mots usés jusqu’à la corde vont donc à nouveau ronfler : « redonner confiance aux jeunes », « définir une compétitivité soutenable» et une «croissance équitable, soutenable et inclusive», « retrouver la résilience des sociétés », « améliorer la gouvernance globale et le libre-échange mondial »…
Malgré la lucidité des constats, la vacuité de ces réponses fait davantage de ce sommet un exercice d’exorcisme collectif que le prélude à un changement de cap. La foi aveugle dans la supériorité du marché et de la technologie n’est pas ébranlée par l’accumulation des risques catastrophiques.
Après le succès du forum social mondial de Tunis en 2013, le forum, qui se réunit désormais tous les deux ans, se prépare à rejoindre à nouveau Tunis en mars 2015, avec en perspective la mobilisation de la société civile pour la COP 21, la conférence climatique qui se tiendra en France à l’automne 2015. Le mouvement altermondialiste, lui, sait que le capitalisme est devenu antagonique avec la démocratie, que le libre échange est désormais insoutenable pour les sociétés et pour la nature. Les mouvements sociaux, anciens et émergents, par leurs luttes et leurs expériences, s’engagent dans un changement systémique. En nous appuyant sur nos valeurs, sur les travaux de scientifiques responsables et sur l’intelligence collective, nous opposons aux désastres annoncés non pas un « meilleur des mondes » mais la possibilité de mondes meilleurs.
Attac France, 21 janvier 2014
1) https://www3.weforum.org/docs/WEF_GlobalRisks_Report_2014.pdf
2) « Votre mission sera de réorganiser le monde », Les Echos, 20/01/2014
Les décideurs du monde entier se réunissent à Davos du 22 au 25 janvier, avec au programme la réflexion sur les « risques globaux »(1), sur la base d’un rapport alarmiste élaboré après consultation de plus de 700 experts et dirigeants mondiaux. En reconnaissant son « échec collectif », le sommet de Davos constate son impuissance face aux catastrophes annoncées, mais ne propose que la fuite en avant.
La classe de Davos, après avoir permis et accéléré le déchaînement conjoint des forces du marché et de la technoscience, découvre qu’elle ne maîtrise plus rien. Le rapport analyse de façon étrangement lucide la connexion des «risques globaux». Il reconnaît que les risques économiques, sociaux, écologiques, géopolitiques, sont interconnectés et susceptibles de déclencher à court ou moyen terme une défaillance systémique.
Les inégalités sociales sont devenues improductives et les luttes contre l’austérité en Europe sapent la confiance dans les institutions. Les protestations populaires dans les pays émergents indiquent l’épuisement de modèles prédateurs. Le chômage de masse risque de faire de la génération des jeunes ayant 20 ans en 2013 une génération perdue. Le changement climatique et les évènements météorologiques extrêmes pèsent sur l’économie. L’accès à l’eau risque d’être compromis pour une part grandissante de la population.
Klaus Schwab, l’organisateur de Davos, estime à raison que « cette situation est le résultat d’un échec collectif face à la façon de gérer les conséquences de la mondialisation ». Mais en dépit de toute son expérience, il espère encore que le forum de Davos permettra aux dirigeants du monde de trouver « les réponses aux tremblements de terre qui nous attendent »(2). Des mots usés jusqu’à la corde vont donc à nouveau ronfler : « redonner confiance aux jeunes », « définir une compétitivité soutenable» et une «croissance équitable, soutenable et inclusive», « retrouver la résilience des sociétés », « améliorer la gouvernance globale et le libre-échange mondial »…
Malgré la lucidité des constats, la vacuité de ces réponses fait davantage de ce sommet un exercice d’exorcisme collectif que le prélude à un changement de cap. La foi aveugle dans la supériorité du marché et de la technologie n’est pas ébranlée par l’accumulation des risques catastrophiques.
Après le succès du forum social mondial de Tunis en 2013, le forum, qui se réunit désormais tous les deux ans, se prépare à rejoindre à nouveau Tunis en mars 2015, avec en perspective la mobilisation de la société civile pour la COP 21, la conférence climatique qui se tiendra en France à l’automne 2015. Le mouvement altermondialiste, lui, sait que le capitalisme est devenu antagonique avec la démocratie, que le libre échange est désormais insoutenable pour les sociétés et pour la nature. Les mouvements sociaux, anciens et émergents, par leurs luttes et leurs expériences, s’engagent dans un changement systémique. En nous appuyant sur nos valeurs, sur les travaux de scientifiques responsables et sur l’intelligence collective, nous opposons aux désastres annoncés non pas un « meilleur des mondes » mais la possibilité de mondes meilleurs.
Attac France, 21 janvier 2014
1) https://www3.weforum.org/docs/WEF_GlobalRisks_Report_2014.pdf
2) « Votre mission sera de réorganiser le monde », Les Echos, 20/01/2014
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