Tchernobyl, 35 ans : et si ça se passait aujourd’hui ?
Il y a 35 ans éclatait l’accident à la centrale nucléaire de Tchernobyl : comment le système de santé français absorberait une telle catastrophe aujourd’hui ?
C’est la question qu’on peut se poser légitimement, après 60 000 suppression de lits d’hôpitaux en 15 ans…
Dans les débats sur la transition énergétique, j’entends souvent évoquer le nucléaire comme source d’électricité “propre”, par exemple ce matin sur France Culture (l’invité du matin) : et que dire alors des accidents, des déchets, du coût de construction, du démantèlement, du pillage de pays producteurs d’uranium et des multiples incidents qui provoquent des contaminations ??? Certes, les inconvénients du CO2 sont connus, ceux du méthane (CH4) sont rarement mentionnés (alors qu’il est aussi nocif), mais dire que “l’énergie nucléaire est propre” est soit ignorance, soit mensonge.
Le mensonge jalonne d’ailleurs toute l’histoire du nucléaire, pas seulement concernant Tchernobyl,
depuis ses débuts; témoin le ministre de la santé au moment de l’accident de la centrale de Tchernobyl, Alain MADELIN, affirmant effrontément qu’il n’y avait pas eu de contamination en France ! Mensonge méticuleusement démonté par André Paris et la CRIIRAD en établissant une cartographie précise des retombées 10 ans après; saluons cet immense travail d’André Paris, dont les cartes n’ont jamais été démenties et ont même servi parfois les autorités administratives ! Son Atlas des contaminations radioactives est désormais disponible gratuitement sous format PDF sur notre blog.
C’est aussi la culture du secret, laquelle nourrit bien légitimement la méfiance du public, et amplifie les dangers; exemple les compte-rendu de l’accident de Mayak en Russie n’étaient pas connus au moment de l’accident de Tchernobyl, d’où énorme perte de temps et dégâts supplémentaires…
Quand on voit les difficultés du système de soins français à gérer l’épidémie de Covid, il serait bien incapable de gérer une catastrophe nucléaire !
Je vous invite à lire le message plus bas et à écouter un extrait du texte remarquable La Supplication, de Svetlana Alexievitch.
Au-delà de ces immenses problèmes, et qui dureront pour certains pendant des millénaires, l’industrie nucléaire pose de graves problèmes de société :
- la production d’électricité nucléaire est CENTRALISEE : ce sont de grosses centrales, il est nécessaire de transporter l’électricité loin, ce qui génère des pertes de plus de 15%. Cette centralisation rend le réseau vulnérable en cas de panne et d’accident ; Stéphane LHOMME a bien mis en lumière les risques dans son livre L’INSECURITE NUCLEAIRE;
- elle a été imposée par un pouvoir étatique centralisé ; de ce fait elle a nécessité une violence politique et policière, avec plusieurs morts et d’immenses dépenses policières ; lisez ce livre bien fouillé sur le sujet : NUCLEAIRE, LA DEMOCRATIE BAFOUEE , par Didier ANGER;
- elle est le symbole, un des archétypes d’une société technoscientiste qui piétine nos valeurs démocratiques; une société qui piétine la dignité humaine, dans laquelle tous nos aspects de vie seront réduits à des algorithmes, à du comptable, où notre qualité d’humanité est complètement bafouée. Je vous invite à lire LE TECHNOSCIENTISME : LE NOUVEAU TOTALITARISME, par Marc ATTEIA.
Donc la propagande pour la voiture électrique, vorace en électricité et dont le bilan énergétique complet est mauvais, me semble une mauvaise piste. il est plus urgent de remettre en question notre modèle de consommation, de faire des économies (la 1ère source d’énergie), de décentraliser la production énergétique, de créer des mix d’énergies renouvelables, et non pas une seule – le nucléaire.
J’ai grande confiance et estime pour le travail réalisé par la CRIIRAD, laboratoire indépendant d’analyse de la radioactivité.
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Voici le texte évoqué plus haut :
A tous, “Tchernobyl trente-cinq après” pour se souvenir…
Les années passent… le choix d’une politique énergétique sans nucléaire se pose-t-il encore ?
Le choix d’une technologie au détriment des peuples se pose-t-il encore ?
Compte tenu de l’état de l’Administration Hospitalière française et du système de santé public dans son ensemble, l’Etat serait-il capable de prendre en charge et de soigner la population en cas d’explosion atomique ?
Dimanche 25 avril 2021, le Réseau Coopératif proposait une visio-commémoration en mémoire des victimes, des familles, des amis, des oubliés, des sans-voix… de la catastrophe atomique de Tchernobyl.
Galia Ackerman, Docteure en Histoire, Chercheuse, auteure, était notre invitée pour l’aspect politique.
Pour l’aspect culturel, nous avons souhaité rejoindre “l’Appel du 26 avril aux femmes du monde entier” initié par Bruno Boussagol, André Larivière, Yumi Célio et Nika Le Dantec.
Depuis hier et jusqu’à ce soir minuit, cet « Hymne à l’amour » vaut d’être chanté partout sur la Terre par un gigantesque choeur de femmes.
Vous pouvez dès maintenant découvrir cette lecture d’un extrait du prologue de “la Supplication” de Svetlana Alexievitch sur la chaîne You Tube du Réseau Coopératif :
Sincèrement, Brigitte GIRY, Coopératrice
Co-Référente Budget National bénévole avec Denis GUENNEAU
Réseau Coopératif – Deuxième Collège Mouvement Europe Ecologie Les Verts Provence Alpes Côte-d’Azur
“Les hommes n’ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n’existe point de marchands d’amis, les hommes n’ont plus d’amis.”
Antoine de Saint-Exupéry 1943
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