49.3 des urnes, 49.3 de la rue, billet de Michel HUTT
49.3 des urnes, 49.3 de la rue
Michel HUTT a publié plusieurs titres au sein de nos éditions, voyez en fin de son billet. YM.
Symbole de la République par excellence, garante de l’équité des lois, l’Assemblée Nationale connait une véritable déferlante de 49.3. Ce « passage en force », utilisé jusqu’ici 89 fois en 75 ans de Ve République, soit 1,18 fois par an en moyenne, est désormais dégainé à tour de bras pour juguler le débat démocratique et renvoyer l’opposition dans les cordes. De recours ultime en cas de situation désespérée, il devient outil de gestion quotidienne dans les mains d’un gouvernement qui n’a pas pour habitude de faire grand cas de la vox populi. Un gouvernement élu grâce au « 49.3 des urnes », stratégie ô combien efficace consistant à laisser aux électeurs le choix entre la peste et le choléra. Un gouvernement qui porte atteinte sans vergogne aux libertés les plus fondamentales, jusqu’à celle de disposer de son propre corps, faisant de tout citoyen un cobaye. Cobaye réputé consentant, grâce à l’absence purement théorique d’obligation de se soumettre aux protocoles, puisqu’on lui a offert le choix de ne plus travailler, se déplacer, avoir une vie sociale ou se cultiver. Stratégie dictée aux dirigeants par les firmes qui les financent et mettent au pouvoir ces serviteurs dociles de leurs intérêts à court terme, diamétralement opposés au Bien commun et à toute forme de résilience face aux crises qu’ils provoquent sciemment.
Bientôt, grâce au contrôle numérique illimité, la technique du « 49.3 » s’appliquera à toutes nos décisions personnelles, à tous nos actes de la vie quotidienne. Pour la bonne cause : n’est-il pas nécessaire de lutter contre les complotistes, les saboteurs et les terroristes de tout poil ? « Tu n’es pas de mon avis ? Tu contestes mon autorité ? Désolé, mais ta CB ne fonctionnera plus, tu n’auras plus accès à internet, tu ne passeras plus les portiques du métro ou les péages et ton compteur communiquant mettra ton chauffage en pause. N’espère pas utiliser ton portable pour appeler des amis à l’aide : ton forfait sera suspendu… Reviens me voir quand tu seras dans de meilleures dispositions.» Bienvenue en République Démocratique Sino-européenne ! Pas étonnant que ce gouvernement, malgré le « je m’y engage » du Président, soit celui qui a retoqué le moratoire sur la 5G réclamé à la quasi-unanimité par la Convention Citoyenne pour le Climat. Tout comme il s’est allègrement torché avec les doléances que nous avions été invités à formuler lors d’une vaste « consultation démocratique » qui n’avait d’autre objectif que d’étouffer la grogne incarnée par les Gilets Jaunes. Un vent de révolte qui aurait bien pu tourner à la tempête.
À quel « 49.3 » le peuple peut-il recourir face au mépris réitéré de ceux qui sont censés le représenter ? On le désigne non pas par trois chiffres et un point, mais par dix lettres : un B, un A, deux R, un I, un C, un deuxième A, un D, un E, et un S. Le « S » du pluriel. Du collectif. Car il en faudra beaucoup pour tenir tête aux 90 super-blindés anti-émeutes commandés par le gouvernement pour garantir le bien-être des citoyens. Un signe fort indiquant à quel point notre « démocratie » repose sur le dialogue, l’écoute, la coopération et la pluralité d’opinions, déjà visée par les mesures dites « anti fake news », permettant d’annihiler toute forme de pensée non-officielle.
La résistance devra donc être mouvante, protéiforme, créative et joyeuse. Cela commence sur le terrain des idées, comme nous y invite depuis plus d’un quart de siècle cette belle maison d’édition, qui a plus que jamais besoin du soutien de son lectorat pour ne pas passer sous les chenilles de l’uniformisation culturelle et intellectuelle.
Restons debout, ensemble !
Michel Hutt, citoyen engagé, romancier et auteur jeunesse (www.michelhutt.fr)
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